Des réfugiés sur l'île grecque de Lesbos, le 16 avril 2016. | Petros Giannakouris / AP

La coopération entre l’Union européenne et Ankara pour freiner les flux de migrants vers l’Europe a fait des « progrès sensibles », mais la Turquie doit faire « plus d’efforts » pour garantir une protection appropriée aux réfugiés, a estimé la Commission européenne dans un rapport publié mercredi 20 avril.

De leur côté, les pays européens doivent « intensifier leurs efforts pour soutenir la Grèce », aussi bien sur le plan financier qu’en matière d’engagements d’accueil sur leur sol de demandeurs d’asile, notamment en en relocalisant beaucoup plus que ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, a insisté l’exécutif européen.

« Cette nouvelle approche a commencé à porter ses fruits, comme en témoigne la forte diminution du nombre de personnes traversant clandestinement la mer Égée pour se rendre en Grèce à partir de la Turquie », ajoute la Commission. Mais concernant les « opérations de retour et de réinstallation », elle estime « que cet aspect de la mise en œuvre reste encore largement à accomplir ».

325 migrants renvoyés, 103 syriens réinstallés

Dans leur accord controversé, scellé le 18 mars à Bruxelles, l’Union européenne (UE) et la Turquie sont convenus que tous les nouveaux migrants irréguliers se rendant de Turquie vers les îles grecques seraient renvoyés vers la Turquie, y compris les demandeurs d’asile.

En contrepartie, l’UE a accepté un principe appelé « un pour un » : pour chaque Syrien renvoyé des îles grecques en Turquie, un autre doit être réinstallé de la Turquie dans l’UE, dans la limite de soixante-douze mille places.

Depuis le 4 avril, trois cent vingt-cinq migrants en situation irrégulière arrivés en Grèce de Turquie après le 20 mars ont été renvoyés en vertu de l’accord, et cent trois réfugiés syriens ont été réinstallés dans l’UE, selon la Commission.

Vers une exemption de visa pour les Turcs

La Commission européenne a annoncé qu’elle pourrait proposer le 4 mai d’exempter les Turcs de visa d’ici à la fin de juin, si la Turquie remplit les critères européens nécessaires et ce « d’ici la fin du mois d’avril ».

Le chef du gouvernement turc, Ahmet Davutoglu, avait prévenu lundi que la Turquie ne serait plus tenue de respecter l’accord migratoire avec l’UE si les Européens ne tenaient pas cette promesse.

Ce « sera fait dans la mesure où la Turquie, d’ici là, aura rempli toutes les conditions », avait répondu mardi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Il n’y a pas lieu de lancer des menaces à tous vents. »