Armel Le Cléac'h lors de la septième édition du Vendée Globe. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Venu à la fin du mois d’avril à Paris pour encourager l’équipe de France olympique de voile, dont il est le parrain, le skippeur Armel Le Cléac’h a déjà la tête un peu ailleurs. A Saint-Malo, où l’attend son monocoque Banque-Populaire-VIII, avec lequel il prendra, le 2 mai prochain, le départ de The Transat Bakerly, la mythique course transatlantique anglaise, en solitaire, entre Plymouth et New York. Mais aussi aux Sables-d’Olonne d’où partira le 6 novembre prochain la course de l’année 2016, l’Everest des mers, le Vendée Globe.

C’est le point d’orgue de la saison d’Armel Le Cléac’h. L’aboutissement de quatre années de travail depuis le dernier Vendée Globe, où le skippeur finistérien terminait deuxième derrière François Gabart (Macif) à trois heures. « Mes Jeux olympiques à moi, c’est le Vendée Globe », plaisante-t-il avec les quinze sélectionnés français aux Jeux de Rio en voile. « Comme pour vous, c’est tout les quatre ans. » Et comme ces athlètes, il se prépare, il s’entraîne. Il a même fait construire un monocoque Imoca (18 mètres de long), le Banque-Populaire-VIII, qui a été mis à l’eau en juin 2015.

Et pour se préparer à six mois de Vendée Globe, rien de tel que de naviguer. Pour cela, Armel Le Cléac’h s’est inscrit à deux courses transatlantiques en solitaire au printemps : The Transat Bakerly, puis quinze jours plus tard, la New York-Vendée entre la Grosse Pomme et les Sables-d’Olonne, une nouvelle course au calendrier Imoca – les bateaux du Vendée Globe. « Ces deux transatlantiques seront des super tests pour l’équipe, avant notre objectif majeur qu’est le Vendée Globe », explique Armel Le Cléa’ch.

Nouvelle technologie

D’autant plus importantes qu’elles vont permettre à l’équipe de Banque Populaire de terminer la préparation du nouveau Banque-Populaire-VIII. Comme tous les nouveaux-nés de la classe Imoca, le monocoque du Finistérien est équipé de foils, ces appendices qui permettent de soulager le bateau et de réduire la surface de frottement avec l’eau, autrement dit « de voler » au-dessus des vagues. « C’est une technologie nouvelle en Imoca. Elle offre un grand potentiel, la marge de progression est importante. Elle implique une nouvelle façon de naviguer mais aussi de construire les bateaux autour des foils. »

Mais voilà, avoir un nouveau bateau performant sur le papier ne suffit pas. « Il faut le connaître », explique Armel Le Cléac’h. « C’est pourquoi naviguer est essentiel, il faut que je le connaisse au maximum. Ces deux transatlantiques seront des super tests. Nous pourrons voir si le bateau est prêt, voir si on est dans le match par rapport à nos concurrents ». En effet, tous les ténors de la classe Imoca et surtout les prétendants à une victoire dans le Vendée Globe seront présents lors des deux transatlantiques printannières.

Et dans le combat qui oppose les partisans des foils aux autres, l’avantage est pour l’instant aux bateaux d’ancienne génération qui n’en ont pas. En effet, les deux dernières grandes confrontations, la Rolex Fastnet Race et la Transat Jacques-Vabre, ont été remportées par PRB de Vincent Riou, qui n’a pas fait le choix des foils. Mais pour Armel Le Cléac’h, une chose est sûre : « C’est le futur de la voile. Les foils sont présents dans la Coupe de l’America et dans d’autres régates. C’est une nouvelle technologie, et Banque Populaire aime les technologies. Il y a tout à prouver. »

Et, à six mois de l’échéance, Armel Le Cléac’h est confiant. « J’ai eu la chance de naviguer pendant deux ans sur le maxi trimaran solo Banque-Populaire-VII », raconte-t-il. « J’ai appris à naviguer à haute vitesse. J’ai battu quelques records. J’ai plus confiance en moi sur ces vitesses, maintenant.» Et il en a décroché des records depuis 2013 et le dernier Vendée Globe. Et tous en solitaire : celui de la Méditerranée en 2013 (455 milles) en 18 heures, 58 minutes et 13 secondes, puis en 2014, celui de la distance parcourue en 24 heures (682 milles), et celui de la Route de la découverte (3 884 milles) en 6 jours 23 heures 42 minutes et 18 secondes.

Et à six mois du Vendée Globe, Armel Le Cléac’h, qu’on surnomme le Chacal, ne cache pas venir chercher la victoire, après ses deux places de deuxième en 2008-2009 et 2012-2013 : « Revenir une troisième fois demande beaucoup d’investissement. Je ne vais pas le cacher, je viens chercher la victoire. Mais nous serons nombreux au niveau, nombreux à pouvoir remporter la course. Je lutterai jusqu’au bout. »

Soutien à la voile olympique

Et même si Armel Le Cléac’h est concentré sur la saison 2016, il regarde aussi déjà plus loin, après le Vendée Globe. L’aventure se poursuivra avec le trimaran Ultime Banque-Populaire-IX, déjà en construction à Port-la-Forêt. « Mes projets futurs sont de venir sur la catégorie Ultime avec le Banque-Populaire-IX qui sera mis à l’eau normalement à l’été 2017. L’objectif est d’être prêt pour la Route du Rhum 2018. Ça serait une revanche sur le sort et celle de 2014 où j’avais dû renoncé à cause de ma blessure. Il y a aussi en le projet d’une nouvelle course en 2019, un tour du monde Brest à Brest par les trois caps en solitaire et en multicoques. »

Mais ce jour-là, à Paris, Armel Le Cléac’h, en tant que « premier supporteur », est là pour encourager les quinze athlètes de l’équipe de France olympique de voile. « J’ai eu la chance de faire beaucoup de dériveur quand j’étais plus jeune ; j’ai même régaté contre certains entraîneurs ici présents. Je suis les athlètes de près depuis un certain temps, et je suis très fier d’être ici avec eux. » Et malgré cette année 2016, bien chargée, le skippeur finistérien prendra le temps d’assister à la deuxième semaine des Jeux olympiques de Rio en août, celles des medal races, ou phases finales, en voile.

Il ira soutenir les quinze marins engagés : « Je serai là pour les motiver si besoin est. Mais ils sont déjà bien encadrés et ils ne faut pas perturber leur préparation. Il y a un fort potentiel cette année avec Billy Besson et Marie Riou en Nacra 17 mais aussi avec les deux équipages de 470, avec Charline Picon et Pierre Le Coq en RS:X aussi. » Pour lui, une chose est sûre, la France est en capacité de ramener plusieurs médailles et peut-être même l’or…

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