La cour d’assises de Paris a condamné mercredi 13 avril à des peines de six à quinze ans de prison des pirates somaliens pour l’attaque meurtrière du voilier d’un couple de plaisanciers français dans le golfe d’Aden en 2011.

L’avocate générale avait requis de lourdes peines, de seize à vingt-deux ans de réclusion criminelle, contre des hommes « unis par une volonté commune » de piller et rançonner le « Tribal Kat ». Elle avait aussi demandé une « interdiction définitive du territoire », qui n’a pas été suivie et qui avait été dénoncée par la défense comme « absurde quand on sait qu’on ne peut pas expulser un Somalien ».

Les sept accusés ont été reconnus coupables de détournement de navire ayant entraîné la mort, de séquestration et de vol en bande organisée, mais pas d’association de malfaiteurs, ce qui explique l’important écart entre réquisitions et peines prononcées.

« Comprendre pour mieux les juger »

Le plus jeune des accusés, Farhan Abchir Mohamoud, devenu schizophrène en prison, a été condamné à la peine la plus légère, et Farhan Abdisalamn Hassan et Ahmed Akid Abdullahi à la plus lourde.

La défense a vu « la rencontre de deux souffrances » dans ce procès, le quatrième en France de pirates somaliens et peut-être le dernier du fait de la nette diminution des attaques au large des côtes somaliennes ces dernières années.

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Inlassablement, alors que les accusés étaient appelés par leur « numéro » dans le dossier et leur parole parfois tournée en dérision, la défense a cherché à « humaniser » ces hommes venus du bout du monde, un monde de violences et de privations inconnu sur les bords de Seine.

« Comprendre pour mieux les juger » : les avocats ont longuement expliqué aux jurés le « sens de la peine » et justifié la convocation de l’histoire, balayée d’un revers de main par l’accusation.

Le face-à-face fut difficile, entre des Somaliens peinant à suivre les débats au gré de traductions parfois incertaines, et une veuve qui a évité leurs regards et n’a pas assisté aux plaidoiries de la défense.