Dilma Rousseff à Brasília, le 12 avril. | UESLEI MARCELINO / REUTERS

A quelques jours du vote décisif sur l’avenir de Dilma Rousseff à la tête du Brésil, le Parti progressiste a décidé, mardi 12 avril, de claquer la porte de la coalition gouvernementale. Pis pour la présidente, la formation a par ailleurs fait savoir que la majorité de ses 47 députés voteraient en faveur de sa destitution. Le camp présidentiel avait déjà été lâché à la fin du mois de mars par son principal allié, le Parti du mouvement démocratique brésilien, passé dans l’opposition.

Dilma Rousseff apparaît fragilisée par ce nouveau départ alors que la chambre des députés doit se prononcer dimanche, en séance plénière, sur son devenir à la tête du pays. L’opposition de droite devra réussir à mobiliser deux tiers des voix − 342 sur 513 − pour que la procédure de destitution se poursuive au Sénat, faute de quoi les poursuites seraient définitivement enterrées.

Barrières métalliques devant le Parlement

Le vote, diffusé en direct à la télévision, devrait être retransmis sur un grand écran à l’extérieur du Parlement où les partisans des deux camps seront rassemblés. Les autorités, qui prévoient la présence de 300 000 personnes, ont installé de hautes barrières métalliques devant le Congrès pour séparer les opposants et les partisans de Rousseff.

Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver à la majorité simple la mise en accusation de la chef de l’Etat, soupçonnée de maquillage des comptes publics. Celle-ci serait alors écartée du pouvoir pendant cent quatre-vingts jours au maximum, en attendant le vote définitif des sénateurs quant à sa destitution.

« Ils prétendent renverser sans preuve ni justifications une présidente élue par plus de 54 millions d’électeurs, a dénoncé Mme Rousseff. Mais la vérité prévaudra, le coup d’Etat ne passera pas, l’impeachment sera bloqué. » Pour l’heure, aucun camp n’est assuré de l’emporter : de nombreux de députés n’ont pas encore pris position sur ce dossier.

Le vice-président, « chef de la conspiration »

La présidente a par ailleurs accusé mardi son vice-président, Michel Temer, d’être le « chef de la conspiration » visant à la destituer. La veille, ce dernier avait fait fuiter « accidentellement » l’enregistrement d’un discours à la nation anticipant sa succession à l’impopulaire dirigeante de gauche. Il a été rendu public alors qu’une commission parlementaire votait en faveur de la poursuite de la procédure d’impeachment contre la présidente devant le Sénat, lors de débats particulièrement houleux.

M. Temer succéderait à Mme Rousseff si elle était destituée, jusqu’aux prochaines élections générales prévues en 2018, conformément à la Constitution. A 75 ans, cet homme d’appareil discret, avocat constitutionnaliste de formation, ne cache plus ses ambitions depuis plusieurs semaines.

Accusée de maquillage des comptes publics par l’opposition de droite, la présidente, elle, assure n’avoir commis aucun « crime de responsabilité » susceptible de motiver sa destitution et se dit victime d’un « coup d’Etat » institutionnel.