Depuis la soirée du 14 avril, le sud du Japon est touché par une série de tremblements de terre, qui ont fait 16 morts et des milliers de blessés. | Yusuke Ogata / AP

L’image est impressionnante. Elle montre le flanc d’une montagne effondré, comme une entaille dans la verdoyance des contreforts surplombant Minamiaso, village du département de Kumamoto qui s’étend au sud du mont Aso. Provoqué par les multiples répliques qui continuent de secouer l’île du Kyushu (sud-ouest du Japon), le glissement de terrain a emporté une voie ferrée et une route. Le grand pont d’Aso n’est plus. Le tunnel de Towarayama, entre Minamiaso et le village de Nishihara, s’est effondré. Non loin de là, les répliques auraient détruit le sanctuaire d’Aso, l’un des plus anciens de l’archipel et important bien culturel nippon.

Ces constats réalisés à la levée du jour samedi 16 avril et abondamment relayés par la télévision japonaise témoignent de l’augmentation des dégâts dans cette région soumise depuis le soir du 14 avril à une succession d’importants séismes, au niveau de la faille dite de Futagawa Hinagu.

La série a commencé avec un tremblement de terre de magnitude 6,5, qui a été suivi par des dizaines de répliques. La nuit du vendredi 15 au samedi 16 a été marquée par un nouveau puissant tremblement de terre, de magnitude 7,3. Enregistré à 1 h 25 du matin, il a été suivi de répliques s’enchaînant à un rythme élevé, une toutes les 10 minutes environ. Une alerte au tsunami a été émise après le séisme par l’agence japonaise de météorologie dans les mers de Yatsushiro et d’Ariake, les noms donnés aux deux baies de Kumamoto. Elle a été levée moins d’une heure plus tard.

Craintes de glissements de terrain

L’intense activité sismique qui se poursuit serait à l’origine d’un dégagement de vapeur au mont Aso, l’un des volcans actifs du Japon, observée dans la matinée de samedi.

« Le séisme de magnitude 7,3 est sans doute la secousse principale, a analysé Gen Aoki, directeur du département de sismologie de l’agence de météorologie. Celui de jeudi soir était un précurseur. » Des comparaisons avec le séisme de 1995 à Kobé ont été établies, notamment parce que les mouvements observés le long de la faille se font horizontalement. Le précédent séisme de magnitude 7 ayant touché le Kyushu date de 2005, en mer au large du département de Fukuoka.

M. Aoki a par ailleurs appelé à la prudence et à se préparer à de nouvelles puissantes secousses dans les départements déjà touchés de Kumamoto et d’Oita. Les inquiétudes sont d’autant plus élevées que, selon l’agence de météorologie, de fortes pluies − jusqu’à 150 mm, l’équivalent de ce qui tombe normalement en un mois − sont attendues dans la nuit de samedi à dimanche, ce qui fait craindre des glissements de terrain dans cette région aux sols désormais fragilisés.

Ces nouvelles secousses ont aggravé le bilan de la première nuit. Au moins sept morts et plus de 1 000 blessés se sont ajoutés aux neuf décès et 1 018 blessés constatés la veille. À Minamiaso, un petit immeuble appelé Green Heights appartenant à l’université Tokai, de Tokyo, et abritant des étudiants, s’est effondré. Plusieurs occupants seraient prisonniers des décombres.

Séisme au Japon : les images des dégâts
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« Des incendies se sont déclarés en plusieurs endroits, a déclaré samedi matin le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga. Il y a 53 cas de personnes coincées et 23 autres enterrées vivantes. » « Nous faisons de notre mieux pour évaluer l’étendue des dégâts qui pourraient augmenter », a déclaré tôt dans la matinée le premier ministre Shinzo Abe, qui a annoncé l’envoi de nouveaux effectifs des Forces d’autodéfense sur les lieux touchés.

Etat de catastrophe naturelle

Le gouvernement a mis en place dès jeudi soir une cellule de crise et a déclaré l’état de catastrophe naturelle. Il a par ailleurs annoncé, vendredi, la mobilisation de 3 000 policiers, pompiers et personnels des Forces d’autodéfense.

Depuis la soirée du 14 avril, le sud du Japon est touché par une série de tremblements de terre, qui ont fait 16 morts et des milliers de blessés. | AP

Le travail des secours est compliqué par les dégâts causés aux infrastructures routières notamment. L’enchaînement des répliques freine également la fouille des décombres. Certaines municipalités commencent à manquer de vivres. À Mashiki, la ville la plus touchée par le séisme de jeudi soir, le parking de la mairie est devenu un centre de distribution de nourriture et d’eau. Dans l’ensemble des zones sinistrées, plus de 180 000 foyers sont privés d’électricité et environ 200 000 d’un accès à l’eau.

Les centrales nucléaires de la région ne seraient pas affectées. La Compagnie d’électricité du Kyushu (Kyuden) a fait savoir que la centrale Sendai, dans le département de Kagoshima, au sud de Kumamoto, fonctionnait sans problème. Les deux réacteurs de cette installation sont les seuls en service de tout le parc nucléaire nippon.

Mais, samedi matin, les réseaux mobiles ne fonctionnaient plus. L’aéroport de Kumamoto ayant été endommagé, le trafic aérien a été interrompu pour la journée de samedi. La circulation des trains à grande vitesse Shinkansen est suspendue depuis le soir du 14 avril.