Lors de sa première édition, le 19 avril 2008, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le Record Store Day (RSD, le jour du magasin de disques), avait proposé à la vente une vingtaine de productions phonographiques réalisées spécialement, des 45-tours ou 33-tours vinyles. Un produit d’appel destiné à encourager les amateurs de musiques à venir faire un tour dans les boutiques. On pouvait les trouver dans environ 300 magasins aux Etats-Unis et une quinzaine au Royaume-Uni. Avec quelques concerts dans ou devant les boutiques. L’initiative en revenait à quelques disquaires de magasins indépendants – non liés à des grandes chaînes, qui, à l’époque, commençaient à réduire les rayonnages. Succès immédiat.

Depuis, la manifestation, organisée chaque troisième samedi d’avril, a pris de l’ampleur et s’est étendue à de nombreux pays européens, au Japon, en Australie… Seul le continent antarctique ne participe pas indiquent les organisateurs. Sur le site du RSD on peut acheter des tee-shirts et sweat-shirts à l’emblème de l’opération (un disque vinyle) ou orné de la déclaration d’intention « I still buy records » – « Je continue d’acheter des disques ». Il y a même une barboteuse pour enfant de 1 an. Parmi les partenaires principaux du RSD 2016 aux Etats-Unis, on trouve les trois majors du disque, Universal Music, Sony Music et Warner Music.

Effet commercial

En 2013, selon un article du magazine professionnel Billboard, pour la semaine qui englobait le Record Store Day, les ventes de disques dans les magasins participants aux Etats-Unis (près de 1 000) avaient augmenté de 59 %, à 544 000 pièces, dont 244 000 pour les albums 33-tours vinyles. La journée événementielle aurait ainsi un effet commercial indéniable. En France, elle existe depuis 2011 sous le nom de Disquaire Day. Une bizarrerie : soit il fallait garder l’appellation d’origine, soit la franciser complètement. Quoi qu’il en soit, près de 210 magasins y participent en France cette année. Autant que pour la seule Californie aux Etats-Unis.

Pour la deuxième année consécutive, la partie française s’exporte par l’intermédiaire de l’Institut français, chargé de la promotion à l’étranger de la culture française. Vendredi 15 avril un concert au club Drom, à New York, d’une capacité d’accueil de 350 personnes, permettra au public américain de découvrir Minuit et Fadda Freddy. En retour, Le Trianon, à Paris, accueillera, samedi 16 avril, le guitariste-échantillonneur américain Joseph Arthur, la chanteuse grecque Monika et la néo-soul de Meshell Ndegeocello. La quarantaine de salles participant à l’opération s’ajoutent à près de 80 magasins où seront proposés des concerts, dont beaucoup présentés comme des DJ sets et dans la plupart des cas de musiciens émergeants.

James Hetfield, chanteur de Metallica, en concert à Rio de Janeiro en septembre 2015. | TASSO MARCELO/AFP

Chaque année, le RSD désigne un parrain prestigieux. Pour l’édition 2016, ce sera le groupe américain Metallica. La formation de thrash metal l’avait déjà été en 2008. Elle avait alors rencontré ses fans et donné un petit concert dans l’un des onze magasins implantés en Californie de la chaîne Rasputin Music. Pour la présente édition, pas de concert de Metallica annoncé formellement mais une réédition augmentée d’archives de ses deux premiers albums, Kill’Em All et Ride The Lightning, ainsi que Liberté, Egalité, Fraternité, Metallica!, un live inédit enregistré au Bataclan le 11 juin 2003. Les bénéfices de la vente de cet album seront reversés à la structure Give For France, de la Fondation de France (Giveforfrance.org).

Ce disque, sur support CD, est l’une des 260 références proposées à l’achat pour le territoire français. Certaines sont propres au marché francophone. Par exemple huit albums du groupe Tryo réédités sur support vinyle, deux de Jacques Dutronc en vinyles transparent (tirage 500 exemplaires), des musiques de films écrites par Michel Berger, une compilation des productions de Jacques Canetti (Brel, Brassens, Gainsbourg, Gréco, Reggiani, Higelin, Mouloudji…).

Bob Dylan, David Bowie, Johnny Cash...

D’autres sont dans un pot commun international tel un 45-tours avec quatre chansons par Bob Dylan, tirées en avant-première d’un nouvel album à paraître, une réédition de The Man Who Sold The World, de David Bowie, avec une pochette dessinée réalisée pour le marché allemand en 1971, une compilation de passages à la télévision de Johnny Cash… L’ensemble, qui revendique son attention à toutes les musiques, est néanmoins occupé en majorité par le rock et la pop. Une référence classique, un album consacré à des œuvres pour piano d’Erik Satie et, pour le jazz, un album du contrebassiste Henri Texier et un du saxophoniste John Coltrane faisant presque désordre.

Disquaire Day, samedi 16 avril, liste des magasins participants, horaires et lieux des concerts (certains en accès payants) sur le site Internet de la manifestation.