Pau Gasol étreint un coéquipier après la victoire de l'Espagne au championnat d'Europe 2015, à Lille. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Verra-t-on Pau Gasol et ses coéquipiers, les adversaires préférés de l’équipe de France de basket, aux prochaines Jeux olympiques de Rio ? Rien n’est moins sûr. La Roja, championne d’Europe à Lille en septembre après avoir éliminé les Bleus, vice-championne olympique en 2008 et 2012, est clairement menacée d’une exclusion du tournoi par la Fédération internationale de basket (FIBA).

Samedi 23 avril à Genève, la FIBA a conforté la décision de la FIBA Europe de priver de compétition les pays dont les clubs participeraient à l’Eurocoupe, une compétition organisée par le consortium privé qu’est l’Euroligue (ECA). Dans un communiqué publié samedi soir, la FIBA demande à sa filiale européenne de se réunir dans la semaine avec toutes les fédérations concernées.

« Après ce processus consultatif, les décisions seront appliquées aux échelons européen et mondial », confirme la FIBA. Le comité exécutif propose également aux dirigeants de l’Euroligue de le rencontrer ces prochains jours au siège de la fédération.

L’Espagne divisée

La Roja est la victime collatérale de l’opposition entre l’Euroligue et la FIBA, qui se reproduit à l’échelle nationale entre l’Association des clubs professionnels et la Fédération espagnole de basket.

La FIBA, qui souhaite organiser la saison prochaine une compétition de clubs puissante, s’est résignée à ce que seize des meilleurs clubs du continent disputent l’Euroligue, qui deviendra la saison prochaine une compétition fermée. Mais elle veut la peau de l’Eurocoupe, la deuxième compétition organisée par ECA, dont Strasbourg a remporté vendredi la finale aller.

Faute d’avoir convaincu toutes les ligues et clubs européens de disputer sa propre compétition, baptisée Fiba Champions League, la FIBA Europe a menacé le week-end dernier d’exclure du prochain championnat d’Europe des nations, organisé en 2017 en Turquie, tous les pays dont les clubs resteraient réfractaires.

Depuis, plusieurs fédérations, notamment la Russie et la Lituanie, ont cédé aux injonctions de la FIBA et menacé les clubs réfractaires de sanctions. Ce n’est pas le cas de la Serbie, autre puissance du basket mondial, et surtout de l’Espagne, dans une position plus compliquée : l’association des clubs dans son ensemble a passé un contrat avec l’Euroligue, consortium basé à Barcelone et dirigé par l’Espagnol Jordi Bertomeu. Les pressions de la fédération et du ministère espagnol des sports sont, jusqu’à présent, sans effet.

Les réunions prévues dans la semaine apparaissent comme la dernière chance de trouver une issue au conflit. Le vice-président de la fédération serbe de basket, la légende Dejan Bodiroga, a laissé entendre dans une interview à un média local qu’une solution pourrait être trouvée à travers un accord entre la FIBA et l’Euroligue : « Franchement, nous avons une solution à l’ensemble du problème ou, pour être plus clair, une offre concrète à faire à l’Euroligue », a dit Bodiroga.

Un accord entre ces deux parties qui se dénigrent continuellement par voie de presse et ont chacune entamé des procédures judiciaires constituerait un retournement majeur dans cet épisode qui bouleverse depuis des mois le basket continental, et menace de gâcher le tournoi majeur de ce sport.