L'ancien président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, le 26 avril à Brasilia. | ANDRESSA ANHOLETE / AFP

Le procureur général du Brésil a demandé mardi 3 mai à la Cour suprême (STF) d’ouvrir une enquête pour corruption présumée sur l’ex président Luiz Inacio Lula da Silva, trois ministres de Dilma Rousseff et 27 autres hommes politiques.

Cette requête « vise à les inclure dans les principales investigations [sur le scandale Petrobras, du nom de l’entreprise pétrolière contrôlée par l’Etat] pour association de malfaiteurs. Si c’est accepté il y aura plus de 70 personnes impliquées dans ce procès », dont des personnalités du parti PMDB (centre) du vice-président Michel Temer, a déclaré un porte-parole de Cour suprême.

Eduardo Cunha aussi mis en cause

Dans la demande du procureur général de la République, Rodrigo Janot, figurent les noms des principaux cadres de Mme Rousseff et du Parti des travailleurs (PT, gauche) : le chef de cabinet de la présidente, Jaques Wagner, le ministre attaché à la présidence, Ricardo Berzoini, et celui de la Communication sociale, Edinho Silva.

Figure également le controversé président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha (PMDB), un des instigateurs de la procédure de destitution de la dirigeante, qui pourrait être écartée de son mandat la semaine prochaine si le Sénat le décide à une majorité simple. Un autre sénateur du PMDB, Jader Barbalho, est lui aussi sur la liste. Or, la formation centriste deviendrait le principal parti du gouvernement en cas de départ du pouvoir de Mme Rousseff que les sondages et analystes donnent comme certaine.

Déclarations de Delcidio Amaral

Cette demande intervient au lendemain de celle faite par le même procureur d’ouvrir une enquête pour corruption sur le chef de l’opposition et candidat à la présidentielle de 2014, Aecio Neves (PSDB, droite), lui aussi présenté comme un des instigateurs de la procédure d’impeachment. Il est accusé d’avoir reçu des dessous-de-table, toujours dans le cadre de l’affaire Petrobras.

Cette requête se fonde sur des déclarations de Delcidio Amaral, ancien chef du groupe sénatorial du PT qui a accepté de collaborer avec la justice – contre de futures remises de peine – après sa mise en examen dans le même dossier Petrobras et trois mois de prison. A la mi-mars, M. Amaral avait déclenché un séisme politique au Brésil. Il avait en effet affirmé alors que Mme Rousseff et son prédécesseur Lula étaient au courant et avait bénéficié du vaste réseau de corruption.

Il avait aussi mis en cause le vice-président Michel Temer, qui remplacerait la présidente si le Sénat la mettait à l’écart provisoirement dans l’attente de son éventuelle destitution pour maquillage des comptes publics l’année de sa réélection (2014) afin de masquer l’ampleur de la crise financière.