Le coup d’envoi de la campagne du référendum sur maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE) démarre vendredi 15 avril. A dix semaines de cette première consultation des Britanniques sur l’Europe depuis 1975, les sondages prédisent un scrutin serré.

La commission électorale a désigné mercredi les noms deux camps qui vont s’opposer jusqu’au 23 juin : « Vote Leave » en faveur du Brexit face à « The In Campaign » pro-UE. Cette désignation officielle leurs donne le droit de dépenser chacun un maximum de 7 millions de livres (8,7 millions d’euros), tandis que les autres groupes n’auront le droit de dépenser qu’un maximum de 700 000 livres chacun.

  • Le « The In Campaign »

Le premier ministre David Cameron mène le camp du maintien dans le bloc des 28 en défendant le « statut spécial » du Royaume-Uni dans l’UE qu’il a négocié en février avec ses partenaires européens. Il répète depuis que le pays sera plus riche et plus fort en restant au sein de l’Union. Le Fonds monétaire international (FMI) a d’ailleurs fait valoir qu’un « Brexit » « pourrait causer de graves dégâts régionaux et mondiaux en perturbant des relations commerciales bien établies ».

Le locataire du 10 Downing Street se veut confiant en la victoire du « The In Campaign », même si la question divise son parti conservateur. Les principales formations politiques et plusieurs des plus importants employeurs britanniques lui ont affiché leur soutien dans ce dossier. Jeudi, le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn a tenu son premier grand discours pro-UE. Il pourrait jouer un rôle-clé pour convaincre les électeurs, notamment les jeunes, de voter en faveur du maintien.

  • Le « Vote Leave »

Dans le camp favorable à une sortie du pays de l’Union, emmené par le très populaire maire conservateur de Londres Boris Johnson, on compte persuader les Britanniques qu’ils pourraient avoir un avenir radieux en s’épargnant les formalités administratives européennes. M. Johnson a ainsi comparé le Brexit à l’évasion d’un pénitencier, affirmant qu’avec le référendum, c’était « comme si le geôlier avait accidentellement laissé la porte de la prison ouverte et que les gens pouvaient apercevoir les terres ensoleillées au loin ».

La campagne « Vote Leave » est une initiative pluripartite appuyée notamment par 128 députés conservateurs, qui s’est imposé devant le mouvement soutenu par le chef du parti europhobe et anti-immigration UKIP, Nigel Farage. Elle organise vendredi et samedi des séries d’événements à travers le pays pour faire les louanges du Brexit.

  • Les deux camps à 50 %

Pour l’heure, les sondages annoncent un vote serré alors que les discussions ont surtout porté sur l’économie et l’immigration et que peu de Britanniques, en dehors de la sphère politique, se sont ouvertement positionnés sur la question. Selon une étude réalisée sur plusieurs enquêtes d’opinion par des universitaires au sein du projet « What UK Thinks », les deux camps sont crédités d’un soutien de 50 % chacun.

Le taux de participation sera un élément clé du résultat, jugent les experts. Or, selon John Curtice de la Strathclyde University, des éléments montrent de façon récurrente que les électeurs favorables au Brexit « sont présentés comme plus enclin à aller voter ».