L’ancien président burundais Jean-Baptiste Bagaza, qui avait dirigé son pays de 1976 à 1987, est décédé, mercredi 4 mai, à l’âge de 69 ans, à l’hôpital Sainte-Elisabeth de Bruxelles, où il était soigné depuis une dizaine de jours, ont annoncé sa famille et la présidence burundaise.

Un deuil national de trois jours a été décrété par le gouvernement, qui a rendu un hommage à « un travailleur infatigable qui durant sa présidence a développé des infrastructures économiques (…) dont le peuple burundais se rappellera toujours ».

Le colonel Jean-Baptiste Bagaza, un Tutsi né en 1946 à Rutovu, au sud du pays, était arrivé au pouvoir en 1976 à la suite d’un coup d’Etat militaire contre son prédécesseur, le général Michel Micombero, lui aussi tutsi issu de la même commune.

Il prend les rênes du pouvoir alors que le pays sort des « événements de 72 », un massacre de milliers de Tutsi lors d’une insurrection hutu suivie d’une terrible répression qui va décimer plus de 100 000 Hutu, dont l’élite de cette ethnie, majoritaire au Burundi.

« Un pilier » qui fait l’unanimité

Considéré comme le bâtisseur du pays (routes, centrales électriques, écoles, industries…), il est pourtant renversé lors d’un coup d’Etat qui porte à la présidence le major Pierre Buyoya, Tutsi également issu de la même commune que ses deux prédécesseurs.

M. Bagaza, sénateur à vie de par la Constitution du Burundi, est l’une des rares personnalités politiques burundaises à faire l’unanimité après sa mort.

Le président Pierre Nkurunziza a exprimé sa « très grande tristesse ». Le CNARED, une plateforme qui regroupe la quasi-totalité de l’opposition à M. Nkurunziza, et dont M. Bagaza était membre, a assuré qu’il venait « de perdre un pilier de sa lutte pour un Burundi meilleur ».

Le Burundi traverse depuis plus d’un an une profonde crise ponctuée de violences, qui ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270 000 Burundais à fuir leur pays.