Deux Français sur trois sont allés au moins une fois au cinéma en 2015. | KRISTOF DE SMET/FLICK'R

Une semaine avant l’ouverture du 69e Festival de Cannes (du 11 au 22 mai), le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a présenté son traditionnel bilan complet du 7e art, mardi 3 mai, à Paris. Pour Frédérique Bredin, sa présidente, c’est l’occasion de pointer une tendance de fond : le marché français du cinéma, qui est déjà le premier en Europe creuse l’écart et tend désormais, de manière structurelle, à dépasser la barre des 200 millions d’entrées par an.

La fréquentation des salles a certes reculé de 1,8 % par rapport à 2014, pour s’établir à 205,3 millions d’entrées. Mais, en ajoutant les entrées gratuites, qui sont stables, on arrive à 210 millions d’entrées, ce qui constitue le quatrième record en France, depuis cinquante ans.

La population cinématographique a progressé

Deux Français sur trois sont allés au moins une fois au cinéma en 2015, soit 39,1 millions d’individus, contre 39,2 millions en 2014. Chaque spectateur s’est rendu, en moyenne, 5,3 fois au cinéma. Mais le fait le plus notable est que, sur dix ans, de 2006 à 2015, la population cinématographique a progressé de 12,3 % dans l’Hexagone (+4,5 millions), alors que sur la même période, Internet, les jeux vidéos ou la télévision se sont aussi fortement développés.

Le cinéma français fait mieux que résister, une situation qui nous distingue de nos proches voisins européens (Allemagne, Royaume-Uni, Italie ou Espagne). Mais si « les Français sont cinéphiles », comme le souligne Mme Bredin, c’est parce qu’il existe à la fois une offre abondante de films et d’écrans. En 2015, le CNC a ainsi recensé la diffusion de 7 377 films différents, dont 1 549 projetés dans le cadre de festivals. Le parc de salles dans l’Hexagone, lui, est en hausse et s’établit à 2 033 établissements et 5 741 salles actives.

Il n’y a, d’ailleurs, pas que les multiplexes qui se développent. En 2015, le CNC note que 23 nouvelles salles avec un seul écran se sont ouvertes, ce qui se traduit par l’augmentation de la fréquentation dans les petites agglomérations et les zones rurales. Paris ne représente d’ailleurs que 11 % du marché, alors que 1 600 communes possèdent un établissement cinématographique.

Succès pour le tarif à 4 euros

Mais le cinéma ne pourra continuer à assurer son développement que s’il renouvelle son public. La sonnette d’alarme avait été tirée en 2013. Cela a conduit les pouvoirs publics à mettre en place un tarif de 4 euros pour les enfants de moins de 14 ans, au 1er janvier 2014. Cette politique volontariste porte ses fruits. En 2015, ce sont 6,1 millions de jeunes de 6 ans à 14 ans qui ont été au cinéma, ce qui constitue un record historique. Avec 32,2 %, la part des moins de 25 ans dans le public augmente en 2015, et fait désormais jeu égal avec les plus de 50 ans.

Record de fréquentation au cinéma en février

Les salles de cinéma françaises ont fait 25,45 millions d’entrées au mois de février, soit un niveau très supérieur à l’année dernière (+ 12,9 %). C’est un record depuis la mise en place de ces statistiques mensuelles en 1980, a annoncé lundi 7 mars le Centre national du cinéma (CNC).

L’année démarre en fanfare, puisque 42,03 millions d’entrées ont été réalisées au cours des deux premiers mois de 2016, soit 6,9 % de plus que sur les deux premiers mois de 2015.
Selon le CNC, « la diversité des offres en salles proposée a permis de rassembler un large public ».

« Zootopie » et « Deadpool » ont dopé les entrées

Le cinéma américain a davantage profité de cette hausse de fréquentation que le cinéma français, avec des locomotives comme Zootopie, le dernier Disney, et Deadpool, l’antihéros de Marvel.

La part de marché des films français est estimée à 42,2 % sur les deux premiers mois de l’année, contre 47,4 % sur les deux premiers mois de 2015 et celle des films américains à 51,1 % (39,1 % sur janvier et février 2015). Parmi les films français, Les Tuches 2, le rêve américain et Chocolat, avec Omar Sy ont fait de bons scores en février.

Sur les douze derniers mois, la part de marché des films français est estimée à 34,4 %, celle des films américains à 56,4 % et celle des autres films à 9,2 %.

Parmi les spectateurs de cinéma, le nombre d’élèves et d’étudiants a aussi augmenté de 3 %, selon le CNC. Si le cinéma reste l’apanage des catégories socioprofessionnelles supérieures (cadres supérieurs, enseignants) ainsi que des seniors, ces nouvelles tendances à l’œuvre sont positives. A plus long terme, l’objectif poursuivi est de donner le goût du cinéma aux plus jeunes, pour que cela devienne un réflexe et un plaisir. Aujourd’hui, les spectateurs habitués (allant au moins une fois par mois au cinéma) représentent 33,5 % du public et réalisent 70,7 % des entrées.