Evan-Amos/CC0 1.0

Salut à toi, Michel  ! ­Salut à toi, Augustin  ! Camarades du quatre-heures, compagnons du goûter. Vous vous qualifiez de « trublions du goût  ». Et vous nous racontez votre vie pour mieux vendre vos salades, ou plutôt vos sablés. D’après mon paquet de cookies (cœur fondant, 17,50  euros), vous auriez donc « 1 Kangoo, 5 sièges bébés, 2 plantes vertes et 1 vélo  » (quand bien même tu serais stérile et roulerais en diesel Michelaugustin, je m’en tamponne le fruit à coque – allergisant, bien sûr).

Le même emballage me demande si je suis « heureux (se) » et m’invite à « respirer  ». De quoi je me mêle  ? As-tu prodigué ces sains conseils à tes camarades chinois quand tu leur as vendu ta toque  ? As-tu livré au mandarin ton proverbe biodégradable  : « Le monde a été fait par les fous pour que les sages puissent y ­vivre  » (c’est vrai que si l’EI prenait les comptes de la Sécu en main, on aurait intérêt à se mettre au yoga). As-tu offert à ton actionnaire François Pinault son poids en yaourt au Beaufort AOC, car « pour donner, il faut recevoir  » ?

Cette intimité de pacotille me file le bourdon. Ça me rappelle ces jeunes affamés qui te tapotent l’épaule à la cafèt’du boulot. « Salut, toi  ! T’es encore enceinte  ? » « Euh, non… On se connaît  ? » T’étais pas né que Kurt ­Cobain était déjà mort et tu crois que tu vas m’éliminer avec tes vannes hypocaloriques pour me chiper mon cookie quotidien  ? Termine plutôt ton smoothie au persil. Et appelle-moi « madame  ».