Scrat, l'écureuil survolté de "L'Âge de glace". | TWENTIETH CENTURY FOX

Il n’est le héros à proprement parler d’aucun des films sortis des ateliers de Blue Sky et pourtant, Scrat, l’écureuil survolté, fil rouge de L’Âge de glace, est la vedette de l’exposition que le musée d’art ludique consacre au studio d’animation américain. Dessiné à la craie suspendu à une branche, yeux exorbités et langue pendante, son précieux gland maintenu à bout de griffe ; esquissé au pinceau, faisant les yeux doux à une femelle de son espèce, la voluptueuse Scratina ; ou encore modelé en résine, crocs acérés et queue triomphante, pattes tendues vers cette fameuse graine, promesse de festin.

Si l’on ne voit que lui, ou presque, dans cette exposition qui réunit plusieurs centaines de croquis, dessins, peintures numériques, maquettes et modelages, autant de documents de travail ayant servi à la réalisation des longs métrages produits par Blue Sky – outre L’Âge de glace 1,2 3 et 4, Rio 1 et 2, Robots, Snoopy et les Peanuts, etc. – c’est que l’expressivité du personnage accroche dans chaque salle le regard du visiteur.

Processus de création

C’est le cas aussi de la bande d’animaux plus ou moins préhistoriques – Manny le mammouth, Diego le tigre-smilodon, Sid le paresseux – dont le rongeur monomaniaque accompagne les aventures depuis 2002, date du premier volet de la saga. Tous sont nés sous les crayons de l’Américain Peter de Sève, illustrateur dont les lecteurs du New Yorker connaissent le trait, mordant pour croquer les humains, tendre pour évoquer les animaux (son blog peterdeseve.com est un délice). La première salle de l’exposition présente quelques-uns de ses travaux pour la presse et des œuvres d’artistes qu’il admire et l’inspirent – tels Winson McCay , Greg Manchess ou Walter Martin Baumhofer, dessinateurs caricaturistes et illustrateurs américains du début du XXe siècle.

Manny le mammouth, Diego le tigre-smilodon et Sid le paresseux, les animaux de la saga "L'Âge de glace". | TWENTIETH CENTURY FOX

Montrer les sources d’inspiration des artistes du petit studio de la côte ouest, créé en 1987, aujourd’hui devenu grand – il emploie quelque 500 personnes –, et plonger le visiteur dans le processus de création est le but de l’exposition qui consacre une salle entière aux décors et plusieurs aux personnages nés chez Blue Sky. Le parcours est jalonné d’écrans vidéos où l’équipe artistique de la maison, avec à sa tête Chris Wedge, son fondateur et le réalisateur de plusieurs des films sortis du studio, livrent témoignages et anecdotes sur son travail.

James Stewart comme modèle

On apprend ainsi que l’acteur James Stewart a servi de modèle à l’un des personnages de Robots, fait de boulons et de pièces métalliques en tout genre, et que ses bras ont été inversés afin de lui « donner une allure plus gauche ». La créatrice des décors de L’Âge de glace 4 raconte, elle, qu’elle s’est inspirée d’images d’actualité montrant des ours blancs dérivant sur des blocs de banquise pour dessiner des séquences du film, en complément de documents trouvés dans les bibliothèques du Muséum d’histoire naturelle de New York et des conseils de paléontologues. Ceux qui ont travaillé sur le film Rio expliquent qu’ils ont tenu à rester fidèles à l’esprit de la ville brésilienne tout en y apportant une touche de fantaisie.

Il ne faut pas quitter les lieux sans avoir pris le temps de regarder deux courts-métrages diffusés en boucle en complément de l’exposition. Le premier, Bunny, de Chris Wedge, datant des débuts de l’animation 3D, met en scène de manière très poétique une mère lapine confrontée à la mort (le film a reçu l’Oscar du court-métrage en 1999) ; le deuxième, inédit, intitulé Il était une noix, propulse Scrat et son gland à travers les âges. Une mise en bouche avant la sortie, en juillet, du cinquième épisode de la saga, L’Âge de glace, les lois de l’univers.

« L’art de Blue Sky Studios », Art ludique – Le Musée, 34, quai d’Austerlitz, Paris 13e. De 11 à 16,50 €. Du lundi au dimanche (sauf le mardi). Jusqu’au 18 septembre. artludique.com