Manifestation des proches des 43 étudiants disparus au Mexique en 2014. Le 26 décembre 2015 à Mexico. | Marco Ugarte / AP

Deux officiers fédéraux auraient participé à la disparition de 43 étudiants au Mexique en 2014, a révélé jeudi 14 avril la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). C’est la première fois que cet organisme d’Etat accuse la police nationale dans cette affaire qui a fait grand bruit dans le pays.

Les conclusions de la CNDH se fondent sur les témoignages d’une source qui n’a pas publiquement identifié en conférence de presse. On savait que les élèves-enseignants de l’école d’Ayotzinapa avaient été attaqués par des agents municipaux corrompus à Iguala dans le sud du pays, l’implication de membres des forces de l’ordre fédérales était, en revanche, inconnue.

« Décider quoi faire avec eux »

Selon la commission, le témoin a relevé la présence de deux officiers fédéraux à l’endroit où un bus transportant entre 15 et 20 étudiants a été stoppé par ces policiers locaux.

Ceux-ci auraient demandé aux agents municipaux ce qui se passait. L’un d’eux aurait alors expliqué que les jeunes gens allaient être envoyés à Huitzuco, une ville voisine, où « le boss » (le patron) allait « décider quoi faire avec eux ». Les policiers fédéraux auraient répondu, « ok, c’est bon », avant de les laisser les emmener, a détaillé la CNDH.

Les élèves-enseignants de l’école d’Ayotzinapa auraient ensuite été livrés au cartel de la drogue des Guerreros Unidos. Celui-ci les aurait assassinés puis incinérés avant de disperser leurs restes dans une rivière.

Explorer « une nouvelle piste »

Cette révélation intervient après une série de vives critiques formulées par des organisations des droits de l’homme et des enquêteurs indépendants à l’encontre de l’investigation menée par les autorités mexicaines. A la lumière de ces nouveaux éléments, la CNDH a appelé Mexico à explorer « une nouvelle piste » dans ce dossier.

La disparition de ces 43 étudiants dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 avait provoqué un tollé international et une grave crise politique dans le pays deux ans après l’élection du président Enrique Peña Nieto. Au Mexique et ailleurs dans le monde, de nombreuses manifestations, parfois violentes, avaient dénoncé l’inaction de l’Etat et la corruption au sein des forces de l’ordre.