Donald Trump estime que la politique étrangère américaine est dépourvue de boussole depuis la fin de la guerre froide. | JIM BOURG / REUTERS

Désormais bien placé pour remporter l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle du 8 novembre, Donald Trump s’est efforcé de présenter les grandes lignes de ce qui pourrait devenir sa politique étrangère, mercredi 27 avril, à Washington, au cours d’une intervention au siège de la revue The National Interest. Réputé pour ses interventions décousues et parsemées de diatribes, le magnat de l’immobilier s’en est tenu, une fois n’est pas coutume, au texte d’un discours lu par le truchement de prompteurs, une facilité qu’il a longtemps tournée en ridicule chez ses adversaires pour mieux mettre en avant son authenticité.

Ce discours a permis au milliardaire d’articuler des idées déjà évoquées au cours de la campagne autour d’un thème central : la primauté absolue des intérêts américains sur toute forme de mission à l’origine d’une série d’interventions extérieures jugées catastrophiques en Irak comme en Libye. M. Trump estime que la politique étrangère américaine est dépourvue de boussole depuis la fin de la guerre froide et que des errements successifs ont conduit à la fois les alliés de Washington à douter de la détermination américaine, et ses adversaires de ne plus craindre le pays qui demeure la première puissance militaire mondiale.

Pour le magnat de l’immobilier, la reconstruction des États-Unis doit primer sur tout, y compris la lecture des traités de libre-échange et des bénéfices supposés de la globalisation. Une économie restaurée doit permettre selon lui de dégager les moyens nécessaires pour moderniser une armée en perte de vitesse, condition impérative pour inspirer à nouveau le respect.

« Prudence et retenue »

Soldant une fois pour toute la mission néoconservatrice de propagation de la démocratie, qui devait être la garantie d’un monde plus stable, M. Trump a écarté l’outil de l’interventionnisme, sans pour autant renoncer à « déployer des forces armées » chaque fois qu’il n’y aura pas d’alternative, avec pour ambition la « victoire avec un grand V ». « Contrairement à d’autres candidats présidentiels », a-t-il cependant pris soin d’ajouter, « la guerre et l’agression ne seront pas mon premier instinct ». « Nous ne pouvons pas avoir de politique étrangère sans diplomatie, une superpuissance comprend que la prudence et la retenue sont les véritables signes de force. » M. Trump s’est ainsi fait fort de trouver des terrains d’entente à la fois avec la Russie et avec la Chine.

Comme il l’a déjà dit par le passé, les États-Unis n’ont pas pour vocation à garantir la paix à n’importe quel prix. « Les pays que nous défendons doivent payer pour le coût de leur défense. Sinon, les États-Unis doivent être prêts à laisser ces pays se défendre eux-mêmes », a-t-il averti, dans une allusion aux « passagers clandestins » que sont certains membres de l’OTAN qui rechignent à payer leur part des dépenses de l’Alliance. Dans une première attaque visant l’administration « Obama-Clinton », puisque l’ancienne secrétaire d’Etat a toutes les chances d’être sa prochaine adversaire en novembre, M. Trump a déploré l’abandon de l’Égypte de Hosni Moubarak et les mauvaises relations avec Israël, leur opposant l’énergie déployée par le président démocrate pour parvenir à un accord jugé calamiteux avec l’Iran.

M. Trump a consacré une partie de son discours à la menace représentée par l’organisation Etat islamique qui « disparaîtra si je suis élu président », « rapidement, très, très rapidement ». Reprochant à l’administration Obama de n’avoir rien fait pour défendre les chrétiens présents au Proche-Orient, il a assuré vouloir privilégier à l’avenir « les valeurs occidentales » plutôt que des valeurs « universelles ».