Des participants aux rassemblements antirégime, lundi au Caire. | Mostafa Darwish / AP

Environ cinquante personnes manifestaient au Caire, lundi 25 avril, à l’appel de mouvements d’opposition au président Abdel Fattah Al-Sissi. Interdite par les autorités, la manifestation a été émaillée d’incidents. Ces derniers jours, la police a arrêté des dizaines de personnes, dont des avocats et des militants des droits humains.

Selon un collectif d’avocats, cinquante-neuf personnes ont été interpellées depuis le 21 avril. Y figure, selon un membre du collectif, le célèbre militant des droits des travailleurs et avocat Haitham Mohamedin.

Depuis l’accession au pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi, en 2013, et la destitution de Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu en Egypte, toute manifestation doit être autorisée par le ministère de l’intérieur.

Plusieurs groupes d’opposition, dont le mouvement du 6-Avril, à la tête de la contestation populaire qui chassa le président Hosni Moubarak du pouvoir au début de 2011, avaient annoncé qu’ils braveraient l’interdiction. Ils s’insurgent notamment contre la rétrocession à l’Arabie saoudite des deux îlots inhabités de Tiran et de Sanafir, au large de la péninsule du Sinaï.

40 000 personnes emprisonnées depuis 2013 selon les ONG

Pour ce jour férié commémorant la restitution du Sinaï par Israël en 1982, le président et son ministre de l’intérieur, Magdy Abdel Ghaffar, avaient promis une « extrême fermeté à toute action de nature à perturber l’ordre public ».

Lundi dans la matinée, les forces de sécurité ont bloqué l’accès à trois quartiers où les manifestations devaient avoir lieu. Un camion de police, arrivé sur une petite place du centre de la capitale, a essuyé des jets de pierres. Les policiers ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes.

En 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 1 400 manifestants réclamant le retour de Mohamed Morsi, dont près de 800 en quelques heures au centre du Caire le 14 août. Plus de 40 000 personnes ont été emprisonnées depuis, selon des ONG, et des centaines, dont M. Morsi, condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par les Nations unies de « sans précédent dans l’histoire récente ».