Euro 2016 : la défense, talon d’Achille des Bleus
Euro 2016 : la défense, talon d’Achille des Bleus
Par Rémi Dupré
Rassurante sur le plan offensif, l’équipe de France a encore encaissé deux buts lors de sa victoire (4-2) face à la Russie. Préoccupant à moins de trois mois de l’Euro.
Engoncé dans son costume bleu, Didier Deschamps est arrivé tout sourire dans l’auditorium du Stade de France, mardi 29 mars, après la victoire (4-2) des Bleus face à la Russie. Redoutable communicant, le sélectionneur de l’équipe de France a surfé sur les commentaires laudatifs et autres aimables questions des journalistes à la suite du festival offensif de ses protégés contre la Sbornaïa. Davantage désireux de s’étendre sur l’apport offensif de ses flèches Kingsley Coman, Antoine Griezmann et Dimitri Payet, le Bayonnais a, en revanche, tenté de déminer le terrain sur un sujet plus sensible : la fragilité de sa défense.
« Toi, tu souris avant de poser ta question », a-t-il lancé à un journaliste soucieux de pointer la perméabilité de son arrière-garde, qui a encaissé, comme lors du succès (3-2) aux Pays-Bas, deux buts en seconde période. Le regard noir, le technicien a balayé tout motif d’inquiétude alors que ses joueurs se sont montrés friables sur les coups de pied arrêtés. Un phénomène préoccupant à soixante-treize jours de l’ouverture de l’Euro 2016 et qui constitue clairement le talon d’Achille des Bleus.
Varane, la seule garantie
« Le premier but russe, c’est une faute de marquage, mais il intervient après des changements, a-t-il souligné. Le deuxième, les Russes ont réalisé un bel enchaînement, mais ils ont aussi le droit de nous mettre en difficulté. Je ne vais pas faire une fixation dessus car, nous aussi, on a marqué sur phase arrêtée. Heureusement, que tout n’est pas encore parfait. Ça veut dire qu’on peut encore s’améliorer. »
Pourtant, sur la pelouse dionysienne, le contraste venait d’être saisissant entre une ligne d’attaque française explosive et des défenseurs aussi fébriles que nonchalants. Taulier de la charnière centrale des Bleus, Raphaël Varane, 22 ans, avait littéralement raté sa sortie face aux Bataves, quatre jours plus tôt. En retard sur le second but des Russes, le Madrilène a toutefois rectifié le tir au Stade de France et s’impose comme l’une des seules garanties de Didier Deschamps dans ce secteur du jeu.
Remplaçant contre les Pays-Bas, Mamadou Sakho, 26 ans, a été aligné au coup d’envoi à Saint-Denis. Mais le héros du France-Ukraine de novembre 2013, titulaire durant le Mondial 2014, n’a guère fait preuve d’autorité dans les duels. Utilisé seulement à cinq reprises par son sélectionneur depuis dix-huit mois, le joueur de Liverpool est actuellement en balance avec Laurent Koscielny, première option de Didier Deschamps cette saison, pour seconder Raphaël Varane durant l’Euro. Friable avec Manchester City, Eliaquim Mangala n’a, lui, pas été aligné en sélection depuis octobre 2015 et n’a été utilisé qu’à quatre reprises depuis septembre 2014 et le début de la phase de préparation à l’Euro 2016.
Un désert sur les ailes
Si la charnière centrale suscite quelques doutes à moins de trois mois de l’ouverture du tournoi, que dire des hommes de couloirs ? Sur le flanc gauche, Patrice Evra, 34 ans, brille toujours autant lors des mouvements offensifs. Mais il manque cruellement de vigilance sur les phases de repli défensif. Titulaire à la Juventus Turin, le vétéran des Tricolores disputera en principe sa dernière compétition cet été, mais ses successeurs tardent à s’affirmer.
A 22 ans, Lucas Digne a profité de la blessure du Barcelonais Jérémy Mathieu, victime d’une déchirure du ménisque dès son entrée en jeu, pour faire une apparition face aux Russes. Trop tendre, le latéral gauche de l’AS Roma est notamment coupable d’une faute de marquage sur le premier but des visiteurs. Remplaçant au Paris Saint-Germain, Layvin Kurzawa est, lui, snobé par le sélectionneur depuis novembre 2014. Quant au Sévillan Benoît Trémoulinas, 30 ans, il n’a plus été convoqué depuis octobre 2015.
Bacary Sagna pris de vitesse par Oleg Shatov, le 29 mars au Stade de France. | Francois Mori / AP
Sur le côté droit, Didier Deschamps ne laisse que peu de place au doute. Sauf improbable retour en forme de Mathieu Debuchy (deux apparitions avec les Bleus depuis septembre 2014) sous les couleurs des Girondins de Bordeaux, le poste de titulaire sera dévolu à Bacary Sagna durant l’Euro. Inconstant avec Manchester City, le défenseur de 33 ans a pourtant disputé treize des dix-huit matchs amicaux des Bleus depuis septembre 2014.
En difficulté face à la Russie, en partie coupable sur le deuxième but adverse, le « Citizen » avait laissé sa place au Lyonnais Christophe Jallet contre les Pays-Bas. Le joueur de 32 ans avait déçu face aux Bataves mais a l’avantage de figurer régulièrement dans le groupe tricolore depuis la nomination de Didier Deschamps à la tête des Bleus, en août 2012.
Alors qu’il doit annoncer le 12 mai sa liste définitive des 23 joueurs convoqués pour l’Euro, Didier Deschamps n’a guère l’embarras du choix en ce qui concerne le secteur défensif. Depuis septembre 2014, le patron des Bleus a utilisé quatorze arrières, dont six paraissent aujourd’hui incontournables. A contrario, il aura tout le loisir de piocher dans son infinie réserve de joueurs offensifs. En dix-huit mois, le sélectionneur a « essayé » treize milieux de terrain et onze attaquants.