Antoine Griezmann sera le fer de lance de l'attaque madrilène contre le PSV Eindhoven. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Six matchs sans marquer et l’entourage de l’Atletico Madrid commence à murmurer, à s’inquiéter. Signe qu’Antoine Griezmann (24 ans) porte sur ses épaules le poids de tout un club. Il faut dire que le natif de Mâcon a très vite pris sur lui d’énormes responsabilités. Celles de marquer des buts, de délivrer des passes décisives, d’éclairer le jeu des Madrilènes. A ce stade de la saison, Antoine Griezmann en est à un éclatant total de 24 buts marqués, toutes compétitions confondues.

Et ce mardi 15 mars, c’est encore sur le jeune homme aux cheveux peroxydés que tous les regards se porteront. Tenu en échec à l’extérieur (0-0) lors de la huitième de finale aller de la Ligue des champions, par le PSV Eindhoven, l’Atletico devra absolument marquer à la maison pour se qualifier. Et qui de mieux qu’Antoine Griezmann pour cela ? Diego Simeone, son entraîneur et chaperon, le sait bien, appelant ce lundi Antoine Griezmann à « être à la hauteur » des demandes de ses coéquipiers. Le coach argentin le sait bien : l’attaquant français n’a pas peur de la pression.

Un joueur atypique mais efficace

Avec des statistiques chaque année plus impressionnantes, « Grizi », comme il se surnomme lui-même sur les réseaux sociaux, n’en finit plus de progresser. Mais s’imposer chez les Colchoneros n’était pas chose gagnée d’avance. Car, au club du sud de la capitale espagnole, il existe une tradition de buteurs extrêmement flatteuse. Luis Aragonés, Radamel Falcao, Sergio Agüero, Diego Costa et surtout Fernando Torres, l’enfant du pays, ont explosé au plus haut niveau sous le maillot rouge et blanc. Buteurs purs, puissants, athlétiques… Antoine Griezmann n’a pas grand-chose en commun avec ces illustres prédécesseurs. Mais, avec ses qualités propres, il s’est imposé dans le paysage de la Liga, son but offrant la victoire dans le derby de la capitale contre le rival honni, le Real Madrid, y a grandement contribué.

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Le numéro 7 est souvent perçu comme un joueur « à l’ancienne », tout en finesse, dans un sport où les qualités physiques deviennent de plus en plus cruciales. Son jeu est plus souvent fait de déviations, de remises pour ses partenaires, en une touche de balle, que de véritables percussions. Mais son l’efficacité ravit les supporteurs madrilènes.

Antoine Griezmann est l'atout numéro 1 de l'Atletico en Ligue des champions. | JOHN THYS / AFP

Si ces statistiques en font le deuxième meilleur buteur français de la saison, derrière Karim Benzema (27 buts), elle ne donne pas à voir l’investissement d’Antoine Griezmann. Car l’Atletico Madrid est une équipe menée par Diego Simeone, une autre gloire du club, d’abord et avant tout fondée sur une solide assise défensive. Et, pour l’entraîneur argentin, l’attaquant est le premier défenseur. Une discipline tactique que le Mâconnais a mis peu de temps à intégrer, ne ménageant pas ses efforts pour couper les premières relances, ou monter au pressing. Et il a mis aussi peu de temps pour faire oublier ses six matchs sans but, puisqu’il a marqué dans les quatre dernières rencontres de championnat.

Une éclosion loin de l’Hexagone

C’est l’antienne de la formation à la française : « Trop petit, trop frêle, un jeu pas assez physique… » Ils sont nombreux, ces joueurs, trop rapidement mis dans une case, qui ont eu besoin de quitter la France, pour se révéler. Et Antoine Griezmann (1,75 m pour 61 kg) n’y échappe pas. Il n’était pourtant pas passé à travers les radars des grands clubs formateurs français. Lyon, Auxerre, Saint-Etienne l’avaient repéré, mais jugé pas assez physique pour lui faire signer un contrat.

C’est donc la Real Sociedad, au Pays basque, qui, alors qu’il n’a que 14 ans, qui récupère la pépite. Il y fait patiemment son trou, devenant un titulaire indiscutable, en gravissant les échelons du haut niveau, avec patience. Il attire l’œil des dirigeants de l’Atletico Madrid, alors sacré champion en Liga, qui le recrutent pour la modique somme de 30 millions d’euros, où il prend encore une autre dimension. Placé dans l’axe, il devient le buteur attitré des Colchoneros.

Remplaçant de Franck Ribéry sur le côté gauche de l’attaque de l’équipe de France lors du Mondial 2014 (24 sélections, 6 buts), Antoine Griezmann pourrait devenir l’attraction offensive des Bleus lors de l’Euro 2016, si Karim Benzema venait à ne pas être sélectionné. Il lui reste, en attendant, à écrire l’histoire avec son club de l’Atletico.

La complicité entre Benzema et Griezmann est indéniable, mais les ennuis judiciaires du premier pourraient bien compliquer l'association des deux attaquants madrilènes. | VALERY HACHE / AFP