En prenant de l’âge, c’est fou ce que l’on peut devenir susceptible… Par exemple, le concept de senior, qui ne m’avait jamais inspiré grand-chose avant que je m’apprête à devenir grand-père, commence à me les briser menu, pour reprendre les mots très justes de Lino Ventura dans Les Tontons flingueurs.

Le Salon qui lui était consacré, début avril, m’a passablement horripilé, comme disait ma grand-mère. Vu sous l’angle de cette institution, le senior est un individu qui profite de la vie et auquel on destine des conférences sur la prévention des cambriolages, la place de l’assurance-vie dans le patrimoine, le bien-manger, l’arthrose et divers gadgets électroniques.

Le business des cheveux blancs

On entre généralement dans la carrière à 55 ans, un âge auquel, dans la vraie vie, le néosenior doit encore dix bonnes années de cotisations retraite (lorsqu’il a un emploi) et intègre souvent une génération sandwich, appelée à faciliter l’existence de ses grands enfants et petits-enfants, mais aussi celle de ses vieux parents.

D’accord, les seniors ne sont pas, loin de là, les damnés de la terre mais ce n’est pas une raison pour leur cirer aussi sommairement les Mephisto. Alors que les Grecs fixaient à 60 ans l’âge minimum pour accéder à la catégorie des gérontes, le Salon des seniors se présente désormais comme la « manifestation incontournable des 50 ans et plus  ». Finalement, si on est vieux plus longtemps, autant qu’au progrès médical, on le doit aux marketeurs de la ­silver economy, le business des cheveux blancs.