Finies les querelles devant les tribunaux. Désormais, Google et Microsoft laveront leur linge sale en privé, loin des cours de justice. Les deux géants du high-tech ont confirmé, vendredi 22 avril, être parvenus à un accord pour régler leurs différends respectifs et s’engagent à abandonner les plaintes déposées à l’encontre de l’un et l’autre auprès des autorités de régulation, notamment en Europe.

« Microsoft a accepté de retirer ses plaintes contre Google, ce qui reflète un changement dans nos priorités juridiques. Nous allons continuer à exercer une concurrence vigoureuse », a indiqué la firme de Redmond.

Les deux rivaux ont également précisé qu’à l’avenir ils essaieront d’abord de régler leurs litiges à l’amiable au lieu de se précipiter devant les autorités légales.

« Le ton et les sempiternels échanges accusateurs n’ont pas fait progresser l’état de leurs affaires et n’ont pas été source de valeur pour leurs clients. Cela leur empoisonnait la vie et ça s’avérait contre-productif. C’est maintenant fini, mais cela ne veut évidemment pas dire qu’il n’y aura plus de concurrence entre eux », juge Tom Austin, analyste chez Gartner.

Un dégel peu surprenant

L’officialisation de cet accord intervient à peine deux jours après que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a annoncé avoir adressé un acte d’accusation à Google, qu’elle soupçonne d’abus de position dominante concernant son système d’exploitation et ses applications Android. La firme de Mountain View était sous le coup d’une enquête de la Commission européenne à ce propos depuis un an.

Le dégel entre les éternels rivaux n’est pas réellement une surprise. Le 30 septembre, un premier pas avait été fait avec l’arrêt par l’un et l’autre des poursuites judiciaires engagées concernant la violation de brevets. Près d’une vingtaine d’affaires, en cours aux Etats-Unis et en Allemagne, avaient ainsi été abandonnées par les deux adversaires, certains contentieux remontant à 2010.

« Cette posture de la part de Microsoft n’est pas nouvelle. Satya Nadella [PDG de Microsoft] a pris plusieurs mesures similaires depuis sa nomination, et il est de notoriété publique que sa relation avec Sundar Pichai, le PDG de Google, est plutôt cordiale », confirme Merv Adrian chez Gartner.

« Nos entreprises se concurrencent avec vigueur, mais nous voulons que cela se déroule sur la base de nos produits, et non pas sur la base de procédures judiciaires », a commenté le moteur de recherche.

Google et Microsoft se livraient une véritable guérilla juridique depuis plusieurs années. Les relations se sont semble-t-il nettement réchauffées. Microsoft a ainsi complètement revu ses positions. L’entreprise s’est notamment désengagée il y a quelques mois des associations FairSearch et ICOMP, deux lobbies luttant contre la toute-puissance de Google, très actifs en Europe. Un beau coup pour le moteur de recherche, qui a ainsi privé ces derniers d’un de leurs chefs de file.