Actionnaire à 67 % du groupe de vêtements bon marché Camaïeu depuis 2007, puis à 97 % depuis 2011, le fonds d’investissement Cinven souhaite céder sa participation et il a, selon le magazine Challenges, mandaté la banque Lazard pour renégocier sa dette, qui excéderait les 800 millions d’euros. Ni Cinven ni Camaïeu n’ont commenté cette information, mercredi 20 avril.

Le groupe Camaïeu, sis à Roubaix (Nord) et dirigé par Elisabeth Cunin depuis octobre 2013, se targuait de réaliser en 2015 « 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires »  et « de dégager un résultat positif », sans pourtant en donner le montant. L’entreprise de distribution textile exploite, en propre ou en franchise, plus d’un millier de magasins dans le monde, dont plus de 600 dans l’Hexagone.

Confronté à une baisse structurelle du marché de l’habillement en France depuis sept ans, Camaïeu a évité de justesse, en 2013, un placement sous sauvegarde. Cinven a dû restructurer une première fois l’an dernier l’énorme dette de 1 milliard d’euros de Camaïeu et son paiement avait alors été reculé jusqu’en 2018. Le fonds avait trouvé un accord avec deux hedge funds, Polygon et Boussard & Gavaudan, avant d’investir de nouveau.

L’image de Camaïeu s’était sérieusement dégradée avec le drame du Rana Plaza. Un immeuble d’ateliers de confection construit au mépris de toute règle de sécurité au Bangladesh s’était effondré en avril 2013, faisant plus de 1 100 morts. Or, une commande de 20 000 pantalons Camaïeu avait été sous-traitée dans l’une de ces usines. L’entreprise française n’avait pas arrangé les choses en disant qu’elle n’y était pour rien et qu’elle avait été dupée par l’un de ses sous-traitants.

Cinven aurait déjà reçu plusieurs offres de reprise, mais aucune n’excéderait le milliard d’euros, alors que la valorisation atteignait 1,47 milliard quand il est entré au capital de cette entreprise.

Par ailleurs, le groupe Mim, qui lui aussi vend des vêtements populaires dans 366 points de vente en France, devrait rapidement changer de propriétaire. Le groupe hongkongais Main Asia, détenu par le magnat de l’immobilier chinois Dejin Zheng, l’avait racheté au groupe anglo-saxon New Look en novembre 2014. Or Main Asia n’y effectuera qu’un passage éclair. Il a déjà décidé de le céder et cherche officiellement un repreneur. Dirigé par Christophe Orcel, Mim est bien plus petit que Camaïeu : ses ventes s’établissaient à 174,3 millions d’euros en 2015.

Vivarte criblé de dettes

La plupart des acteurs du secteur de la mode pas chère sont à la peine. Promod, implantée dans 44 pays à travers 997 boutiques, va supprimer 133 postes d’ici à 2017 dans le Nord, où se situe son siège. Le groupe, qui compte 6 000 salariés dans le monde, assure qu’il mettra « en place un plan de départs volontaires » et s’engagera « à faciliter le reclassement en interne ou en externe ». L’entreprise compte par ailleurs « se concentrer sur les points de vente profitables » en fermant « environ 180 magasins non rentables à l’international ».

Chez Vivarte (la Halle, Kookaï, Naf Naf...) aussi, le tout nouveau président, Stéphane Maquaire, venu de Monoprix et arrivé mardi 19 avril, prend les rênes d’un groupe criblé de dettes à hauteur de 1,3 milliard d’euros, qui a connu au cours des deux dernières années une réduction de 10 % de ses effectifs et fermé 300 magasins.