Loi travail, situation économique, djihad, déchéance... Le chef de l’Etat a répondu aux questions de France 2 et de quatre Français jeudi soir. | Jean-Claude Coutausse / french-politics pour "Le Monde"

François Hollande était, jeudi 14 avril, l’invité de l’émission « Dialogues citoyens », sur France 2. Il a notamment répondu aux questions de quatre Français : une patronne de PME, la mère d’un djihadiste décédé en Syrie, un électeur du Front national et un étudiant adepte de « Nuit Debout ». Voici les principaux points à en retenir.

Il s’agit d’une synthèse encore provisoire ; nous actualisons cet article au fil de l’émission.

  • La loi El Khomri « ne sera pas retirée »

François Hollande a assuré que la réforme du code du travail, qui a provoqué plusieurs journées de mobilisation, « ne sera pas retirée ». Il s’est toutefois dit prêt à des « corrections » au Parlement.

« Le problème, c’est de ne pas pouvoir trouver de CDI. 90 % des embauches se font aujourd’hui en CDD. Ce que je veux avec le projet de loi El Khomri, c’est qu’on puisse embaucher avec un CDI, et clarifier les règles pour les salariés et les employeurs. »

D’une manière générale, le président de la République a soutenu qu’il mènerait les réformes en cours « jusqu’au bout », en décalage avec son ministre de l’économie Emmanuel Macron. Celui-ci avait déclaré quelques heures plus tôt à Londres que l’exécutif avait décidé d’« arrêter une partie des réformes », sans préciser lesquelles.

  • La France « va mieux »

Le chef de l’Etat a assuré que la situation du pays s’améliorait, avec « plus de croissance, moins de déficits, moins d’impôts et plus de compétitivité ».

« En 2015, nous avons créé 100 000 emplois net de plus. Pour la première fois depuis cinq ans, l’économie française a créé davantage d’emplois qu’elle n’en a supprimés. Je pense que c’est lié à cette politique-là. En 2016, nous tablons sur 150 ou 160 000 créations d’emploi net. »

Sur le chômage, qui n’a jamais été aussi haut, François Hollande a affirmé que « le taux de chômage en France [était] dans la moyenne européenne et celui des jeunes sous la moyenne européenne ». Or, comme l’a aussitôt souligné la journaliste Léa Salamé, le taux de chômage des moins de 25 ans était, en février 2016, de 24,6 % en France, contre une moyenne de 19,4 % dans l’Union européenne, selon les chiffres d’Eurostat.

  • Djihad : « Nous devons lutter contre les prêcheurs de haine »

Interpellé par Véronique Roy, mère d’un jeune français mort en Syrie, François Hollande a rappelé que 170 Français partis faire le djihad avaient trouvé la mort, et 600 Français en Syrie, dont un tiers de jeunes filles.

Pour traiter les racines, « nous devons lutter contre ces prêcheurs, ces partisans de la haine qui induisent la radicalisation », a-t-il martelé. « Nous avons expulsé 80 prêcheurs de haine. »

À propos de la modération insuffisante des contenus djihadistes sur Youtube, Facebook ou Twitter, François Hollande a rappelé que cette lutte devait être internationale et que la France y veillait de très près.

  • Déchéance de nationalité : « Les calculs politiques s’en sont mêlés »

Interrogé par Léa Salamé sur la déchéance de nationalité, François Hollande a affirmé ne pas regretter d’avoir lancé ce débat lancé après les attentats de novembre mais finalement abandonné le 30 mars face aux dissensions entre l’Assemblée nationale (à majorité de gauche) et le Sénat (à majorité de droite).

Il a rappelé que lorsqu’il a évoqué la question de la déchéance de nationalité au congrès de Versailles, juste après les attentats de novembre, « tout le monde s’était levé ». La loi aurait pu passer à ce moment-là, assure-t-il, mais ensuite « les calculs politiques s’en sont mêlés ».

  • « Il n’y aura pas d’interdiction du voile à l’université »

François Hollande a contredit son premier ministre, Manuel Valls, qui déclarait vouloir une loi sur l’interdiction du voile à l’université. « Il n’y aura pas d’interdiction du voile à l’université », a-t-il expliqué.

Le chef de l’Etat a rappelé que l’université « est un lieu de liberté politique, liberté syndicale et liberté religieuse ». « En revanche, on ne peut avoir du prosélytisme, de l’intrusion dans les cours, de la pression sur certains enseignants. »