Saisis d'articles contrefaits à Cabuyao (Philippines), le 6 avril 2016. | Bullit Marquez / AP

Le commerce des biens contrefaits ou piratés a représenté 2,5 % des importations dans le monde en 2013, selon une étude publiée lundi 18 avril par l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) et l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO).

  • Un marché de 461 milliards de dollars

Les importations de produits contrefaits ont pesé, en 2013, 461 milliards de dollars, soit l’équivalent du produit intérieur brut de l’Autriche. Leur poids est encore plus important dans les importations des pays développés ; il est ainsi estimé à 5 % du total des importations de l’Union européenne (UE), soit 116 milliards de dollars.

Ces estimations se fondent sur un demi-million de saisies douanières effectuées entre 2011 et 2013, précise l’OCDE. Elles n’incluent cependant pas les produits contrefaits fabriqués et consommés localement ainsi que le piratage en ligne.

Les marques américaines, italiennes, françaises et suisses sont les plus touchées par les contrefaçons, qui concernent de nombreux types de produits, des chaussures aux sacs à main, en passant par les parfums, les vêtements et les montres, et jusqu’aux pièces de machines et produits chimiques… mais aussi des fruits.

L’OCDE souligne que, outre leur impact économique et social, des copies peuvent mettre en danger la santé des consommateurs quand il s’agit de pièces automobiles, de médicaments, de jouets, de laits pour bébé ou d’instruments médicaux.

  • La Chine, leader mondial des contrefaçons

Les produits contrefaits chinois représentent 63,2 % des saisies totales, très loin devant ceux venus de Turquie (3,3 %) et de Singapour (1,9 %). Mais les entreprises les plus innovantes de l’ex-empire du Milieu sont elles aussi victimes de ces pratiques.

Les envois postaux sont le principal mode d’expédition des copies, avec 62 % des saisies effectuées entre 2011 et 2013, une proportion qui témoigne de l’importance croissante du commerce en ligne dans les échanges internationaux, relève le rapport.

Les produits contrefaits empruntent des itinéraires complexes, qui les font passer par les plus grandes plates-formes d’échanges mondiales, comme Hongkong et Singapour, et des zones de libre-échange comme les Emirats arabes unis. Mais les itinéraires commerciaux varient considérablement d’une année sur l’autre, les réseaux de contrefacteurs exploitant sans cesse de nouvelles failles.

  • Les réseaux terroristes à la manœuvre

Ils transitent aussi par des pays dotés d’une faible gouvernance ou en proie à une forte criminalité organisée, comme l’Afghanistan et la Syrie.

La Commission des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale assurait, en mai 2014, que « la contrefaçon est la deuxième source de revenus criminels dans le monde ».

La contrefaçon industrielle et commerciale, jugée souvent comme une infraction mineure, constitue « une véritable menace, tant pour l’économie mondiale que pour les consommateurs, l’environnement ou la stabilité des Etats », affirmait pour sa part, en février, l’Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle (Unifab).

Désignée par le premier ministre, Manuel Valls, pour représenter le secteur privé dans le groupe interministériel sur la contrefaçon, cette association a publié un rapport inquiétant sur les « liens prouvés entre cette activité, la criminalité organisée et le terrorisme ». Ce fléau coûte, selon les auteurs, 40 000 emplois par an à la France.