Les organisateurs et membres du jury pour le premier concours de jeunes chorégraphes à Biarritz (Charles Jude, Thierry Malandain et Kader Belarbi). | © OLIVIER HOUEIX

Pour que le répertoire classique et néo-classique se regénère et se projette vers l’avenir ! Cette revendication fait grimper la tension du premier concours de jeunes chorégraphes classiques et néo-classiques dont la finale se déroule dimanche 24 avril à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Pilotée par Thierry Malandain, directeur du CCN Ballet Biarritz et Charles Jude, à la tête du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, cette opération de choc entend se dresser contre « l’absence de relève de cet art populaire et éminemment français qu’est le ballet ».

Cela fait longtemps que le néo-classique Thierry Malandain donne de la voix dans un paysage marqué par la danse contemporaine depuis le début des années 1980. A l’exception de l’Opéra national de Paris, l’esthétique académique trouve difficilement droit de cité en France malgré son succès public. « Même si les choses évoluent, il est toujours quasiment impossible pour de jeunes chorégraphes classiques ou néo-classiques d’émerger dans notre pays, de trouver des coproducteurs, des scènes et d’être relayés par les médias, précise-t-il. Quant aux danseurs du même style, ils sont le plus souvent obligés de partir à l’étranger, en Allemagne par exemple, pour trouver du travail ».

Pour contrer ce phénomène, Thierry Malandain et Charles Jude, avec la complicité de Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole à Toulouse, tous d’obédience classique, se sont regroupés en 2012 dans le Pôle de coopération chorégraphique du Grand Sud-Ouest, soutenu par le ministère de la culture. Ensemble, ces trois compagnies, qui comptent cent danseurs permanents, ont décidé de se battre pour l’emploi des interprètes, généralement intermittents, tout en suscitant de nombreux échanges entre les troupes.

"Nocturnes", une chorégraphie de Thierry Malandain. | © OLIVIER HOUEIX

Créer « un appel d’air »

En plein dans la tendance concours qui reprend du poil de la bête en danse et en théâtre depuis quelques années, l’idée d’en concevoir un centré sur l’esthétique classique s’est imposé. Portée par Malandain et Jude, cette compétition entend fouetter l’émergence de nouveaux talents académiques en créant « un appel d’air » dans un contexte asphyxié.

Lancé en octobre 2015, un appel à candidatures a recueilli trente-deux dossiers ( avec vidéos) dont les artistes étaient originaires de France, d’Espagne, de Suède, de Lettonie… Six ont été élus pour participer à la finale. Ces candidats sont encore tous interprètes dans de grandes compagnies telles le Béjart Ballet Lausanne ou le Staats Ballett Berlin mais entendent faire leurs armes comme chorégraphes. « J’ai commencé à concevoir des pièces en 2014 et j’y prends beaucoup de plaisir, raconte Yvon Demol, danseur à l’Opéra national de Paris. Les possibilités du vocabulaire classique sont infinies. Ce concours est l’occasion de sortir de ma zone de confort. Il m’offre aussi une super vitrine pour montrer mon travail ».

Pour la finale, dimanche 24 avril, chaque jeune chorégraphe proposera une création d’une quinzaine de minutes pour au moins trois interprètes. Un Prix du jury, attribué à deux lauréats, leur ouvrira les portes de la compagnie de Malandain ou de l’Opéra de Bordeaux pour une pièce avec dix à vingt interprètes qui sera présentée à Biarritz et à Bordeaux. Dans un second temps, l’un des deux sera nommé « artiste-associé » du Pôle de coopération chorégraphique du Grand Sud-Ouest. Un statut qui devrait lui mettre le pied à l’étrier en dopant le nouveau répertoire classique et néo-classique d’aujourd’hui.

"Coppélia" (2013), une production chorégraphiée par Charles Jude pour le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux. | © SIGRID COLOMYÈS

Concours de jeunes chorégraphes classiques et néo-classiques. Gare du Midi, Biarritz. Le 24 avril à 17 heures. De 8 à 15 euros. www.concours-de-jeunes-choregraphes.com