La Mairie de Paris est-elle désormais un acteur majeur de l’art contemporain ? En 2014, la Fondation Louis Vuitton est inaugurée dans un bâtiment construit sur un terrain du domaine public municipal et une convention d’occupation de cinquante-cinq ans est signée entre la Ville et la Fondation. Tout est fait alors pour souligner le rôle du maire de l’époque, Bertrand Delanoë. Aujourd’hui, Anne Hidalgo conclut un partenariat avec François Pinault auquel une concession de cinquante ans accorde la jouissance de la Bourse de commerce. On ne peut que faire le parallèle entre les deux opérations ; et observer que la Mairie de Paris s’est engagée dans des partenariats à long terme avec les deux principaux collectionneurs français et leurs groupes.

Que soit ainsi encore renforcé le statut de Paris « capitale des arts » mérite à peine d’être signalé, tant la tradition est longue. Plus remarquable est la montée en puissance de la municipalité dans le champ de l’art actuel. Elle y était active jusqu’alors essentiellement grâce au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP), qui eut longtemps pour directrice Suzanne Pagé, aujourd’hui à la tête de la Fondation Louis Vuitton et que son actuel directeur, Fabrice Hergott, maintient au premier plan des musées parisiens. Désormais, elle peut se vanter de multiplier les lieux de prestige.

Or qui est absent de ces accords ? L’autre puissance artistique, l’Etat et son ministère de la culture. Il n’a pas su ou pas voulu s’entendre avec ces autorités que sont les collectionneurs privés de rang international. Face au MAMVP, il y a le Palais de Tokyo, institution nationale. Désormais, à deux cents mètres du Centre Pompidou, il y aura la Bourse de commerce. Naturellement, l’hypothèse d’une quelconque rivalité serait déplacée.