Viktor Orban (à gauche) a rendu visite à l'ex-chancelier allemand, Helmut Kohl, mardi 19 avril, à Oggersheim, en Rhénanie-Palatinat. | HANDOUT / REUTERS

Viktor Orban, le premier ministre hongrois, s’est rendu en Allemagne, mardi 19 avril. Non pas pour rencontrer Angela Merkel mais pour effectuer, « à titre privé », une visite à Helmut Kohl, qu’il considère comme son maître en politique. Les deux hommes se sont rencontrés environ une heure, au domicile privé de l’ancien chancelier, à Oggersheim, en Rhénanie-Palatinat.

Vu que le premier ministre hongrois est le principal opposant à la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés, cette visite suscite de nombreuses interprétations. Serait-ce une critique indirecte de l’ancien chancelier à l’égard d’Angela Merkel ? Même si l’entourage de la chancelière le nie, cette interprétation est tentante. A l’issue de l’entretien, Viktor Orban l’a cependant contestée. L’entretien n’a pas porté sur des « conflits actuels ». Il a simplement voulu, « au nom de tous les Hongrois, remercier [l’ancien chancelier] pour tout ce qu’il a fait pour nous ». De fait, depuis la chute du Mur de Berlin, les deux hommes sont proches et Viktor Orban a toujours admiré Helmut Kohl.

Bien que Viktor Orban et Angela Merkel semblent incarner deux visions différentes de l’Europe, les partis qu’ils président, la Fidesz pour le Hongrois, la CDU pour l’Allemande, restent tous les deux membres de la même structure internationale, le Parti populaire européen.

Pas de détail sur le déroulé de l’entretien

On ignore cependant ce que Viktor Orban et Helmut Kohl se sont dits. Et même comment s’est passé l’entretien. Depuis 2008, l’ancien chancelier, victime d’une attaque cérébrale, ne se déplace qu’en fauteuil roulant et ses conversations semblent se résumer à quelques mots intelligibles. C’est sa seconde épouse, Maike Kohl-Richter, son ancienne secrétaire, qui interprète la plupart du temps la parole de Helmut Kohl, âgé de 86 ans. On a d’ailleurs vu une photo de Viktor Orban et de Helmut Kohl mais aucune caméra ne semble avoir été autorisée à filmer l’entretien.

Cette visite coïncide avec la traduction en hongrois du dernier livre de Helmut Kohl, Aus Sorge um Europa (« Par souci pour l’Europe ») paru en 2014 avec une nouvelle introduction de l’ex-chancelier. On y lit, selon la presse allemande, des phrases comme : « L’Europe ne peut devenir une nouvelle patrie pour les millions de gens qui sont dans l’urgence de par le monde », qui apparaît comme une critique à l’égard d’Angela Merkel. Mais aussi que « le retour à une vieille conception de l’Etat-nation n’est pas une option », ce qui peut apparaître comme un désaveu de Viktor Orban.

L'une des deux photos de la rencontre entre Viktor Orban et Helmut Kohl diffusée mardi 19 avril. | HANDOUT / REUTERS

A défaut de faire figure de vieux sage – son image reste ternie par le financement occulte de sa campagne en 1998 –, Helmut Kohl ne dédaigne apparemment pas endosser le rôle de sphinx et rappeler de temps à autre son existence à une Angela Merkel qui lui devait tout mais n’a pas hésité à l’occasion de ce scandale à le pousser vers la sortie et à prendre sa place.