Lauriane Visart. #EnMémoireBruxelles | D.R.

Cette juriste belge a trouvé la mort dans les attentats de Bruxelles, le 22 mars. « Le Monde » et « La Libre Belgique » s’associent pour publier le portrait des victimes.

Ses parents, sa famille et ses proches ont fait le choix de la retenue. Par pudeur, mais aussi pour perpétuer la mémoire de ce qu’elle était, ils préfèrent ne plus s’exprimer en public au sujet de Lauriane. Dans les médias, seul son père, Michel Visart, journaliste économique à la RTBF, a parlé, un soir sur les ondes de sa chaîne, de l’attente, de l’angoisse, puis de la douleur qui fut la sienne et celle de sa famille le 22 mars, alors que les messages envoyés à sa fille demeuraient sans réponse.

Sans doute y a-t-il dans cette discrétion souhaitée le témoignage le plus fort de ce qu’était Lauriane, et des valeurs qu’elle portait. « Lauriane était une juriste très intègre, et très à cheval là-dessus, donc c’est sa liberté de penser que je ne peux pas prendre pour moi ici, a expliqué Michel Visart lorsqu’on lui a demandé s’il avait un message à faire passer. Je ne le sais pas, et je ne veux pas parler pour elle ici. »

Tenant la parole en haute estime, Lauriane Visart lui avait dédié sa vocation. Jeune juriste bruxelloise de 27 ans, elle travaillait auprès des Mutualités socialistes et était restée « une passionnée de droit public », dit de son ancienne étudiante à l’Université catholique de Louvain (UCL) le professeur de droit constitutionnel Marc Verdussen. Et, plus profondément encore, une passionnée « du droit, de la justice et de l’équité ». « Lauriane faisait partie de ces étudiants qui ont compris qu’un cursus universitaire réalisé sans utopie engendre le risque d’un repli intellectuel, a-t-il ajouté dans Le Journal des tribunaux. Lauriane a compris que le droit n’est pas une fin en soi, [et que] pour ne pas le réduire à une discipline de tuyauterie, il faut l’arrimer à des idéaux et l’inscrire dans un horizon de valeurs. »

Regarder vers l’avenir

Ces certitudes, Lauriane se les était forgées tout au long de ses études à l’UCL puis à l’Université Laval à Québec. Si elle les a mises au service du droit, de la justice ou de l’égalité entre les hommes et les femmes, elle les a aussi mises en pratique dans sa vie.

C’est d’une jeune femme « joyeuse », « souriante », « disponible » et « déterminée » dont ont témoigné nombre de ses amis, que Lauriane côtoyait au Royal Daring Hockey Club, ou au sein des mouvements de jeunesse dans lesquels elle était très investie. Mardi 22 mars, ce sont ses collègues qui, les premiers, ont pris peur, ne la voyant pas arriver à son bureau, dans le centre-ville de Bruxelles. Comme tous les matins, Lauriane avait pris le métro qui passait par Maelbeek.

Regarder vers l’avenir et construire un autre monde, plus tolérant, plus ouvert, voilà le chantier qui nous attend, a conclu Michel Visart sur la RTBF. Un chantier auquel Lauriane, il n’en doute pas, « aurait participé ».

Bosco d’Otreppe (La Libre Belgique)