« Les épargnants connaissent mal le Livret d’épargne populaire. Les banques ne le mettent pas en avant car ce produit n’est pas rentable pour elles », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle des épargnants. | © Thomas Hodel / Reuters / REUTERS

Dénicher un placement garanti et bien rémunéré relève aujourd’hui de la mission impossible : 0,75 % pour le Livret A ou le Livret de développement durable (LDD), à peine 0,5 % pour le compte épargne logement (CEL)… La rentabilité des placements sans risque ne devrait guère évoluer dans les prochains mois. Il est toutefois possible d’obtenir un peu plus en optant pour le Livret d’épargne populaire (LEP).

Méconnu du grand public, son rendement s’élève à 1,25 %, soit un demi-point de plus que celui du Livret A ou du LDD. « Cela représente une rémunération tout à fait convenable étant donné le faible niveau d’inflation », estime François Boisseau, responsable du pôle épargne au sein de la Banque postale. D’autant que, comme le Livret A, les intérêts versés sur ce produit ont l’avantage d’être totalement exonérés d’impôt.

Ménages modestes

Comme son nom l’indique, ce placement est réservé aux ménages modestes. Mais depuis 2014, ses conditions d’ouverture ont été assouplies afin de permettre à davantage de particuliers d’en bénéficier. Pour ouvrir un LEP, votre revenu fiscal de référence de 2014 ne doit pas excéder 19 255 euros pour une personne seule ou 29 537 euros pour un couple. En pratique, vous devez présenter à votre banquier votre avis d’imposition de 2015 (ou de non-imposition) qui indique votre revenu fiscal de 2014.

Sachez que si vous déteniez un LEP avant le 1er janvier 2014 et que vous ne remplissez plus les conditions nécessaires pour en bénéficier, vous pourrez le conserver jusqu’au 31 décembre 2017. Le plafond du LEP s’élève à 7 700 euros (hors intérêts capitalisés) et le versement initial minimal est de 30 euros. Un seul livret par personne peut être ouvert dans la limite de deux par foyer fiscal. En outre, la durée de ce placement est illimitée tant que vous respectez les conditions pour en bénéficier.

Peu de succès

Malgré des conditions d’accès élargies en 2014, le LEP remporte peu de succès auprès des épargnants. Selon l’Observatoire de l’épargne réglementée, près de 9 millions de Français en détenaient à la fin de 2014, contre 11,8 millions en 2009. Comme son nombre de détenteurs, les encours du LEP ne cessent de s’éroder, passant de 55 milliards d’euros à 46,5 milliards d’euros sur la même période.

Pourquoi ce désintérêt ? « Les épargnants connaissent mal ce livret réglementé. Les banques ne le mettent pas en avant car ce produit n’est pas rentable pour elles », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.

Une autre raison justifie ce phénomène. « Ce produit concerne des ménages plus modestes qui peuvent moins épargner depuis la crise », rappelle François Boisseau. « Les 20 % des Français à qui s’adresse le LEP ont plutôt tendance à puiser dans leur épargne », confirme Philippe Crevel.

Néanmoins, ceux qui détiennent ce placement cherchent à l’optimiser. Selon l’Observatoire, 37,9 % des LEP ont un encours supérieur à 7 700 euros. En outre, le montant moyen des LEP s’élève à 5 226 euros en 2014, soit plus que la moyenne constatée sur le Livret A.