A son arrivée jeudi 21, le train a été accueilli par les responsables de l’opérateur WAE, des membres de la SNCF, de la mairie de Lyon, ainsi que les représentants du consulat de Chine dans la capitale des Gaules. | JEFF PACHOUD / AFP

Sur les quais de la gare de Vénissieux (Rhône), un train vert et orange approche, les wagons remplis d’appareils électroniques, de lampes à LED et de vêtements Decathlon. Jeudi 21 avril, le premier convoi chinois jamais arrivé en France par voie de chemin fer s’est arrêté dans la commune du sud-est de Lyon, après avoir traversé tout le continent depuis Wuhan, une grande ville du centre de la Chine, soit un parcours de 11 500 kilomètres.

« La majorité des marchandises entre les deux pays se transporte par voie maritime, ce qui prend normalement deux mois. En train, il ne faut que seize jours », avance Jun Mao, responsable du projet au consulat de Chine à Lyon, pour expliquer cette initiative.

De même, transporter des marchandises par voie ferrée est meilleur marché que par voie aérienne : cela coûte environ 80 % de moins, ce qui est plus raisonnable pour les entreprises de taille moyenne, selon Wuhan Asia-Europe Logistics (WAE), l’entreprise chinoise qui organise cet impressionnant convoi. « Il y aura deux trains par semaine de Wuhan à Lyon, et un train par semaine dans l’autre sens, soit au total 72 trajets aller et 37 retours en 2016 », calcule Jiapu Wang, représentant de l’opérateur chinois en Europe.

Le convoi, comparé aux nouvelles routes de la soie, a permis de transporter 41 conteneurs d'appareils électroniques, de lampes à LED et de vêtements Decathlon. | JEFF PACHOUD / AFP

Quarante et un conteneurs

Le train, numéroté X8011/2, est parti de la gare ferroviaire de Wuhan le 6 avril ; a ensuite franchi la frontière avec le Kazakhstan à Alataw Shankou ; puis traversé six pays européens, dont la Pologne, avant d’arriver à Duisburg, ville allemande située dans la plus grande région industrielle d’Europe qui accueille des trains de marchandises chinois depuis déjà deux ans. Après une courte pause de vérification, le train a repris la route pour déposer ses quarante et un conteneurs à Lyon.

A son arrivée jeudi 21, le train a été accueilli par les responsables de l’opérateur WAE, des membres de la SNCF, de la mairie de Lyon, ainsi que les représentants du consulat de Chine dans la capitale des Gaules. « Un tiers des investissements français en Chine est réalisé à Wuhan. Nous espérons que le réseau ferroviaire liant les deux pays favorisera les échanges économiques et commerciaux », se réjouit-on à la mairie de Lyon.

Située au centre de l’empire du Milieu, la ville de Wuhan est surnommée le « Chicago de la Chine » en raison de l’importance de ses réseaux de transport. Centre industriel, la ville regroupe les marchandises venues d’une dizaine de régions voisines par voie de chemin de fer, par autoroute ou par le fleuve Yang-Tsé. La ville a une longue histoire d’échanges avec le reste du monde et en particulier avec la France. De nombreuses firmes sont présentes dans cette ville, comme Alstom, Schneider Electric et Citroën.

« Lyon est mieux équipée en transport ferroviaire »

En ce qui concerne le choix de la destination du train en France, l’entreprise WAE explique que Lyon, deuxième plus grande aire urbaine de France, « représente une forte puissance en industrie et en technologies. Par rapport à Paris ou Marseille, où il y a des ports, Lyon est mieux équipée en transport ferroviaire. Ses infrastructures ressemblent beaucoup à celles de Wuhan ».

Lors de son trajet de retour, le train de WAE devrait transporter du vin et des produits cosmétiques et alimentaires. D’autres conteneurs sont en cours d’enregistrement : « Des commandes pour des pièces automobiles haut de gamme et des produits de luxe sont en négociation », indique Jiapu Wang.

Premier train chinois arrivé en France, c’est le 42e convoi parti de Wuhan pour l’Europe et la Russie depuis le début de l’année. D’autres trains ont déjà desservi Małaszewicze (Pologne), Hambourg et Saint-Pétersbourg ; et en 2015, 164 convois avaient desservi le Vieux continent depuis Wuhan. « Environ 300 trajets sont prévus pour cette année sur le réseau Asie-Europe », précise Jiapu Wang.

Yanan Jing