Rodrigo Duterte lors d'un meeting à Quezon City, près de Manille, le 23 avril. | EZRA ACAYAN / REUTERS

Le victorieux

Avocat, Rodrigo Duterte se présente en 1988 à la mairie de Davao, la plus vaste ville des Philippines et capitale de l’île de Mindanao. Il y restera dix ans, jusqu’en 1998, date à laquelle la loi l’oblige à subir une carence due à la limitation des mandats. Il se représentera en 2004 et 2007 avec succès, cumulant ainsi en tout vingt-deux ans de règne sur la cité.

Le sanguinaire

Il se targue d’avoir fait de l’une des villes les plus dangereuses du pays un havre de paix. Un résultat obtenu au prix d’une politique répressive macabre. Il recourt sans vergogne à des escadrons de la mort à l’encontre des dealers, des petits truands et même des enfants des rues. En 2009, il déclarait aux criminels : « Tant que je serai maire, vous serez une cible légitime d’assassinat. »

Le décomplexé

Rodrigo Duterte entend lutter contre les discriminations et se disait même prêt à légiférer en faveur du mariage gay. Il est à ce point libéral qu’il se permettait, en novembre 2015, de qualifier le pape François de « fils de pute ». La visite du souverain pontife quelques mois auparavant aurait provoqué un peu trop d’embouteillages à son goût.


L’indécent

L’homme multiplie les déclarations choquantes. Le 17 avril, il a été filmé plaisantant devant un auditoire hilare, au sujet du meurtre et du viol d’une missionnaire australienne lors d’une émeute dans une prison de Davao, en 1989 : « J’étais en colère qu’ils l’aient violée, mais elle était si belle. Je me suis dit, “le maire aurait dû passer en premier”. » Au lieu de s’excuser, il plaide depuis pour la liberté d’expression et a lancé « Allez au diable » à un groupe de femmes qui protestaient contre ses propos.

Le favori

A 71 ans, Rodrigo Duterte fait la course en tête pour succéder au président sortant Benigno S. Aquino. Son credo : secouer l’establishment et en finir avec la corruption et la criminalité. Et cela fait recette. En 2002, le magazine américain Times l’a surnommé « The Punisher », comprendre « le punisseur », un surnom qui colle à la peau de cet accro à la tolérance zéro.

Par Valentin Ehkirch