Le président sud-africain, Jacob Zuma, pourrait de nouveau être poursuivi pour plus de 700 charges de corruption dans une affaire de contrat d’armement, à la suite d’une décision de la justice sud-africaine qui le fragilise un peu plus, au moment où il accumule les déboires.

Ce scandale empoisonne Jacob Zuma depuis décembre 2007. Alors qu’il était chef du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, il avait été inculpé de corruption, fraude fiscale et racket pour la signature d’un contrat d’armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999.

En 2009, le parquet général avait finalement retiré pour vice de forme les charges pesant contre Jacob Zuma, quelques semaines seulement avant son élection à la présidence de l’Afrique du Sud. « La décision d’abandonner les charges contre M. Zuma est irrationnelle et doit être revue », a annoncé vendredi le juge de la Haute Cour de Pretoria, Aubrey Ledwaba. « M. Zuma devrait être poursuivi pour ces charges », a poursuivi le magistrat.

« Une grande victoire »

A l’époque, les avocats de Jacob Zuma avaient utilisé des enregistrements d’écoutes téléphoniques de conversations entre l’ancien chef du parquet et un policier de haut rang pour convaincre la justice que leur client était victime d’un complot et obtenir l’abandon des charges. Mais au terme d’une longue bataille judiciaire, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a obtenu ces enregistrements en septembre 2014.

Estimant que les charges ont en réalité été abandonnées pour des raisons politiques, il a saisi la justice, qui lui a donné raison vendredi. « C’est une grande victoire pour l’Etat de droit. Finalement Jacob Zuma doit être poursuivi, nous sommes vraiment ravis », s’est réjoui Mmusi Maimane, le leader de la DA, présent au tribunal. « Nous pensons que c’est un jugement significatif qui veut dire que les décisions du parquet ne peuvent être en contradiction avec la loi », a-t-il ajouté.

Cette décision de la Haute Cour de Pretoria ouvre en effet la possibilité pour le parquet de rétablir les accusations contre le président Zuma et fragilise un peu plus le chef de l’Etat, affaibli par plusieurs scandales ces dernières semaines. En mars, la plus haute juridiction du pays l’a reconnu coupable de violation de la Constitution pour n’avoir pas remboursé une partie des 20 millions d’euros d’argent public utilisés pour rénover sa résidence privée.