Muet depuis sept mois, le robot Philae s'était posé en novembre 2014 sur le noyau de la comète Tchouri. | HANDOUT / AFP

Les chances d’établir un contact avec le robot Philae sont « proches de zéro » et « le temps est venu de lui dire au revoir », a estimé le Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique (DLR), vendredi 12 février, dans un communiqué. Les équipes responsables de Philae, installé sur la comète Tchouri mais muet depuis sept mois, se sont résolues à ne plus lui envoyer de commandes tout en restant à son écoute par précaution. 

Concrètement, le DLR a cessé d’envoyer des commandes au robot-laboratoire européen qui campe depuis la mi-novembre 2014 sur le noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.

L’avenir du robot est pour le moins sombre. La comète Tchouri s’éloigne du Soleil ; ce qui signifie que les panneaux solaires dont le robot tire son énergie reçoivent de moins en moins de lumière. La comète se refroidit et Philae aussi. Or il ne peut fonctionner au-dessous d’une certaine température.

« Je continue à écouter »

Les antennes réceptrices de la sonde – ses « oreilles » – sont toujours allumées et « nous restons prêts au cas où Philae se réveillerait », souligne Stephan Ulamec, responsable de l’atterrisseur au DLR. Mais pour être honnête et réaliste, il est vraiment improbable que nous l’entendions à nouveau. »

Mais la sonde européenne Rosetta, qui escorte la comète, « reste toujours à l’écoute » de Philae, a expliqué l’agence française du Centre national d’études spatiales (CNES), dans un communiqué séparé à la tonalité moins pessimiste.

« Bien que minime, l’espoir d’écouter à nouveau le petit robot continue d’exister, Rosetta se rapprochant régulièrement de la comète. »

« Je continue à écouter, mais je crains que Philae ne soit confronté à des conditions difficiles », peut-on lire sur le compte Twitter de Rosetta, dans un message accompagné d’un dessin où la sonde imagine Philae endormi sur la comète.

Ces derniers jours, le DLR, le CNES, les scientifiques de la mission Philae et l’Agence spatiale européenne (ESA) ont réfléchi ensemble au sort de ce petit laboratoire à trois pattes dont les aventures ont passionné un large public. Après dix ans de voyage comme passager de la sonde Rosetta, Philae avait réalisé le 12 novembre 2014 une première historique en atterrissant sur la comète. Au bout de plusieurs rebonds, il s’était stabilisé à l’ombre, en position couchée.

Equipé de dix instruments, il a travaillé pendant soixante heures avant de s’endormir faute d’énergie. Il s’est réveillé en juin 2015 mais n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 9 juillet.

Il y a un an, Philae se posait sur « Tchouri »
Durée : 00:50

L’adieu à Philae est progressif. « Nous ne pouvons pas annoncer officiellement sa fin, car l’absence de signal ne prouve pas que le robot est vraiment mort, explique Mark McCaughrean, conseiller scientifique de l’ESA. Mais après sept mois de silence, je pense que le consensus général est que c’est terminé. »

Fin de mission en septembre pour Rosetta

La sonde Rosetta, en revanche, pourrait effectuer dans les semaines à venir une série de brefs survols au-dessus du site où il est posé, à 50 kilomètres de la comète Tchouri. Ce souhait a été relayé par le CNES et par le DLR. « Nous avons demandé si c’était possible », mais « nous savons que l’ESA a de bonnes raisons pour ne pas accepter cette requête » qui est surtout « symbolique », admet M. Ulamec.

Il serait « vraiment dangereux » pour Rosetta, reconnaît-il, de se rapprocher de la comète qui continue à rejeter des gaz et des poussières depuis son passage au plus près du Soleil en août. Lorsque la comète se sera apaisée, cet été, Rosetta devrait approcher à 10 km ou 20 km de la surface de la comète. Elle essayera de débusquer précisément le robot afin de prendre des images. Sa mission prendra fin en septembre, lorsqu’elle se « posera » le moins rudement possible sur Tchouri pour y finir ses jours.