Illustration Satoshi Hashimoto pour M Le magazine du Monde

« Le détenu violent écope de prison ferme. » « L’étudiante qui harcelait Emmanuel Macron écope d’un rappel à la loi. » « Frais de taxi : Agnès Saal écope d’une amende de 4 500 euros. » De qui, ces titres qui écorchent une langue qui gagnerait à être soutenue, surtout s’agissant de décisions de justice ? Respectivement du Parisien, de Libération et du Figaro. Instruirais-je avec méchanceté le procès d’organes concurrents ? Que nenni…

Le Monde n’est pas toujours sans fautes. J’ai même, dans une précédente chronique, tiré (amicalement) l’oreille de mes collègues rédacteurs : « Donc pas de concocter un discours, se fendre d’un communiqué, écoper d’une peine de prison, plancher sur le texte d’une loi ou plomber la campagne du candidat. » On réservera « écoper » aux avaries de navigation et aux lavabos bouchés. Et pourquoi donc ? Parce que c’est fa-mi-lier. C’est une question de niveau de langue.

Vous imaginez Alain Juppé dire : « Dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, j’ai écopé de quatorze mois de prison avec sursis » ? De juridiques à familiers, de littéraires à argotiques (on disait « écoper la centrouse » – la centrale – à la fin du XIXe siècle), c’est sûr, les mots ne manquent pas pour dire la chose jugée. Et si les repris de justice, les malandrins, les voyous, les bandits, les brigands n’ont pas volé leur châtiment, qu’on les « condamne » donc – à une peine d’incarcération, à de la prison avec sursis, à une amende, à un travail d’intérêt général, que sais-je ?

Mais, par pitié, qu’on cesse de leur faire vider l’eau avec une écope. Je rappelle aux ignorants que ce mot nous vient du francique skôpa, en néerlandais schoepe, qui a donné en anglais… scoop, qui a été naturalisé français depuis. Et que les Shadoks avaient une activité diantrement plus efficace : ils pompaient ! C’est tout pour aujourd’hui.