En attendant le référendum du 23 juin sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les Britanniques sont appelés aux urnes jeudi 5 mai dans le cadre des élections régionales – aux Parlements écossais, gallois et d’Irlande du Nord − et locales − 124 municipalités renouvelées en Angleterre. Le point sur les différents enjeux de ce scrutin.

  • Qui pour succéder à Boris Johnson à Londres ?

Pour succéder au charismatique Boris Johnson à la tête de leur ville, les habitants de la capitale auront le choix des extrêmes entre le fils d’un milliardaire, le conservateur Zac Goldsmith, et celui d’un chauffeur de bus pakistanais, le travailliste Sadiq Khan.

Ce dernier, âgé de 45 ans, mène la course assez confortablement selon les sondages. La dernière enquête d’opinion de l’institut YouGov donne onze points d’avance au député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres.

S’il l’emporte, il deviendrait le premier maire musulman de la capitale britannique, mais aussi à l’échelle européenne. Une particularité qui n’a pas l’air d’émouvoir les 5,6 millions d’électeurs appelés aux urnes, mais que Zac Goldsmith, 41 ans, a prise pour cible pour tenter de refaire son retard.

Le député de Richmond, arrondissement résidentiel et cossu du sud-ouest de la capitale, s’évertue depuis des semaines à convaincre que M. Khan, ancien avocat des droits de l’Homme, a des affinités avec les extrémistes islamistes. Une accusation d’ailleurs relayée par le premier ministre David Cameron.

  • La crédibilité du premier ministre mise à l’épreuve

Affaibli par les révélations des « Panama papers » et sa lenteur à y réagir, David Cameron espère profiter des bons résultats du parti conservateur pour se relancer. D’autant qu’il est le chef de file du camp proeuropéen en vue du référendum de juin sur le Brexit.

  • Des scrutins à haut risque pour les travaillistes

Les scrutins du 5 mai seront surtout cruciaux pour le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn. L’élection en septembre de ce « gauchiste » reste contestée par une partie de l’appareil du parti qui l’estime incapable de les mener à la victoire aux prochaines législatives de 2020 et souhaite le voir partir au plus vite. Une contre-performance donnerait à ses détracteurs une bonne occasion de « fomenter un coup d’Etat », selon les termes du magazine conservateur The Spectator.

Et, à en croire les sondages, le Labour pourrait y laisser des plumes, après un excellent score réalisé aux municipales de 2012. D’après les projections, il pourrait perdre 170 postes de conseiller municipal en Angleterre, son pire résultat depuis trente-quatre ans.

En Ecosse, l’un de ses anciens fiefs, où il a été largement battu aux législatives de 2015, le Parti travailliste pourrait se retrouver dans la situation humiliante de se faire doubler par les conservateurs au rang de deuxième parti du Parlement régional. Le Parti national écossais (SNP, indépendantiste), qui gouverne cette région seul depuis 2011, espère lui faire mieux que les 69 sièges (sur 129) gagnés en 2011.

Au Pays de Galles, les travaillistes devraient souffrir de l’usure du pouvoir alliée à une poussée attendue du parti europhobe UKIP, qui pourrait glaner ses premiers sièges au sein d’une assemblée régionale.

Dernier élément qui pourrait peser sur le score du Labour : la crise autour des accusations d’antisémitisme qui pèsent sur certains de ses membres et qui ont conduit à la suspension de l’ancien maire de Londres Ken Livingstone.