Trois personnes interpellées à Uccle, mardi 12 avril, ont été interrogées « de manière approfondie » mais relâchées. | YVES HERMAN / REUTERS

La police belge, mise sous pression, poursuit ses investigations sur les attentats de Bruxelles ainsi que Paris et Saint-Denis. Elle épluche tous les fichiers, les données et les relations possibles des trois kamikazes qui se sont fait exploser à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et à la station de métro Maelbeek, le 22 mars. Ainsi que le réseau qui a aidé les commandos du 13 novembre 2015, à Paris.

Trois personnes interpellées à Uccle, mardi 12 avril, ont été interrogées « de manière approfondie » mais relâchées. Il s’agissait d’opérer des vérifications dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre. Deux frères, Smaïl et Ibrahim Farisi, ont, en revanche, été mis en examen pour l’aide qu’ils auraient apportée à Khalid El Bakraoui, le kamikaze du métro Maelbeek, et à Osama Krayem, qui l’accompagnait au matin de l’attentat. Celui-ci portait un sac contenant apparemment des explosifs, qui n’a pas été retrouvé.

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Les frères Farisi étaient en relation avec les Bakraoui. Et ils ont été filmés au lendemain des attentats, emportant des affaires entreposées dans l’appartement d’Etterbeek, dont étaient partis les terroristes. Il se confirme que, si ceux-ci ne s’étaient pas trompés au matin du 22 mars, l’explosion de Maelbeek – sans doute prévue initialement à la station Schuman, au cœur du quartier européen – aurait dû avoir lieu à peu près au même moment que celle de l’aéroport.

D’autres arrestations à venir

Il est probable que les enquêteurs belges lancent d’autres opérations et procèdent à d’autres arrestations dans les jours à venir. Ils traquent notamment un inconnu, pris en charge à Ulm par Salah Abdeslam le 3 octobre 2015. Le dixième membre du commando de Paris avait, à l’époque, convoyé cet individu, ainsi qu’Osama Krayem et le complice qui fut arrêté en même temps que lui à Molenbeek, Amine Choukri.

Les enquêteurs tentent, par ailleurs, de déterminer ce que Salah Abdeslam savait exactement de la préparation des attentats de Bruxelles. Ainsi que des éventuelles cibles parisiennes évoquées après l’arrestation de son ami Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » de Zaventem, celui dont on avait perdu la trace depuis le 12 novembre 2015.

La police se demande si les premières déclarations d’Abrini – moins loquace que ce qui a été initialement affirmé – ne visent pas simplement à dédouaner son complice de toute responsabilité dans les attaques survenues à Bruxelles. Et ils soulignent que les informations selon lesquelles c’est Paris et l’Euro 2016 de football qui devaient être visés par une nouvelle vague d’attentats proviennent davantage de l’ordinateur d’Ibrahim El Bakaraoui que des prétendues déclarations d’Abrini.

Najim Laachraoui, présenté par l’EI comme l’artificier

Se félicitant des attentats de Bruxelles, un « rappel » après l’« avertissement de Paris » l’organisation Etat islamique semble, elle aussi, s’efforcer d’impliquer davantage les terroristes morts que ceux qui sont emprisonnés. Elle rend un hommage particulier, dans le dernier numéro de sa revue Dabiq aux frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, deux des kamikazes de la capitale belge.

Ils sont aussi présentés comme ayant joué un rôle crucial dans la préparation des attentats parisiens de novembre. À propos de Khalid El Bakraoui, la revue écrit : « Tous les préparatifs pour les raids de Paris et de Bruxelles ont commencé avec lui et son frère aîné Ibrahim, qui se sont procuré les armes et les explosifs. »

L’EI affirme aussi que Najim Laachraoui, qui s’est fait exploser à l’aéroport de Bruxelles, était bien l’artificier du groupe, impliqué dans les deux attaques : « C’est Abou Idriss [son nom de guerre] qui a préparé les explosifs pour les deux raids de Paris et de Bruxelles ».

L’organisation le présente également comme un quasi- « vétéran » de Syrie. Lachraoui aurait rejoint le pays en 2013 et fait partie du Majliss Al-Shura Al-Mujahidin, dirigé par Abou Al-Athir Al-Absi. Le groupe, qui a par la suite intégré le Front Al-Nosra, la branche syrienne du réseau Al-Qaida, a été l’un des premiers à rejoindre l’Etat islamique en Irak au Levant après sa proclamation, en avril 2013.

Le groupe d’Abou Athir Al-Absi (mort le mois dernier à Alep, ce que confirme au passage Dabiq) a également été considéré comme le bataillon des « kidnappeurs » pour son rôle dans la prise en otage et la détention de l’Américain James Foley, assassiné le 19 août 2014, du photographe britannique John Cantlie, toujours aux mains de l’EI, qui l’utilise comme « journaliste ». C’est, enfin, une des premières unités à avoir accueilli des étrangers, dont de nombreux Belges.

Photos prises en Syrie

Les photos de Laachraoui et de Mohamed Belkaïd – l’Algérien tué à Forest le 15 mars, lors d’une perquisition policière dans le cadre de la traque de Salah Abdeslam – qui les mettent en scène en Syrie, annoncent probablement une prochaine vidéo.

Mohamed Abrini et Salah Abdeslam sont, en tout cas, les grands absents de cette nouvelle mise en scène de l’EI. Le premier, arrêté le 8 avril à Anderlecht, a reconnu être l’« homme au chapeau », filmé par des caméras de vidéosurveillance de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, le 22 mars, peu avant les explosions.

Le Belgo-Marocain de 31 ans est également soupçonné d’avoir effectué deux trajets entre la Belgique et Paris avec les frères Abdeslam dans les jours précédant les attaques terroristes en région parisienne, le 13 novembre, et il aurait fait partie du dernier convoi, celui qui conduisit les kamikazes à Paris.

Salah Abdeslam, arrêté le 16 mars, avait également été « ignoré » par Dabiq dans son précédant numéro, qui a consacré de nombreuses pages aux attentats parisiens.