A la prison de Waller County, à Hempstead (Texas), en juillet 2015. | Pat Sullivan/AP

La tendance est nationale et elle transcende les clivages politiques. Du très conservateur Texas à la libérale Californie, pas moins de trente Etats sur les 50 que comptent les Etats-Unis ont, ces dernières années, engagé une réforme de leur justice pénale. Confrontés à une surpopulation carcérale incompressible, à des coûts financiers en hausse constante, à une prise de conscience de l’iniquité de certaines peines, les responsables politiques de tous bords ont commencé à rompre avec l’approche répressive des trois dernières décennies. Sans attendre les décisions envisagées au niveau fédéral.

Réputée pour ses prisons bondées (113 000 détenus pour 83 000 places), la Californie a décidé en 2014 de diminuer la sévérité des sanctions et d’éviter ainsi de nouvelles incarcérations. La simple possession de drogue, y compris cocaïne et héroïne, ou l’atteinte aux biens en faisaient partie. En un an, cette mesure, aux effets rétroactifs, a permis la remise en liberté de 13 000 personnes, induisant une économie de 300 millions de dollars pour l’Etat, selon une étude menée par le Stanford Justice Advocacy Project, émanation de la faculté de droit de Stanford. L’Etat a également facilité la liberté conditionnelle pour les plus jeunes condamnés, y compris ceux qui avaient été reconnus coupables de faits avec violence. En 2011, l’Etat avait été sommé par la cour suprême de ramener le taux de surpopulation de ses prisons à 137 %, estimant que les conditions de vie des détenus relevaient d’une « punition cruelle et inhabituelle », contraire à la Constitution.

Des Etats du sud du pays, connus pour leurs vues plus conservatrices, la sévérité de leur justice et leur recours à la peine de mort, ont également entrepris des réformes. En Alabama, la durée des peines a été raccourcie dans l’espoir de voir la population carcérale diminuer d’un quart, alors que ses geôles dépassent de 40 % leurs capacités d’accueil. En 2010, la Caroline du Sud, où les coûts de la politique carcérale avaient connu une explosion de 500 % en trente ans, a décidé de promouvoir les remises en liberté conditionnelle, d’améliorer le suivi des détenus libérés et d’adapter le niveau des peines. De même, la Géorgie, en 2012, a donné plus de latitude aux juges : ils ne sont plus obligés de tenir compte des peines plancher. En 2007, le Texas avait ouvert la voix en développant les alternatives à la prison ou le suivi des personnes dépendantes aux drogues, parvenant à stabiliser le nombre de prisonniers et, même, à fermer une prison. Dans le même temps, l’Etat a observé une baisse du taux de criminalité et de la récidive. Mais en dépit de ces efforts, le Texas détient toujours derrière les barreaux quelque 145 000 personnes.