Il flotte comme un air de printemps sur les marchés. La semaine écoulée a vu le CAC 40 remonter à son plus haut de l’année : l’indice phare de la Bourse de Paris a frôlé les 4 600 points jeudi 21 avril, avant de se replier légèrement vendredi. Même optimisme outre-Atlantique, où le S&P 500 a dépassé le seuil symbolique des 2 100 points mercredi, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis décembre 2015.

Qu’elles semblent loin, les turbulences du début de l’année, quand les Cassandre prédisaient déjà un remake de la crise financière de 2008 ! Atterrissage brutal de la Chine, pétrole en chute libre, soubresauts des valeurs bancaires, inquiétudes sur la croissance américaine, politiques monétaires divergentes des deux côtés de l’Atlantique… La litanie des risques propres à faire tanguer la planète finance paraissait sans fin. Au point de faire passer le CAC sous les 3 900 points mi-février. Depuis, la Bourse de Paris a regagné près de 20 %.

Principal responsable de cette spectaculaire remontée, le prix du pétrole, qui s’est nettement repris, mais aussi des prévisions moins alarmantes sur la Chine. Et si la volatilité – ces brusques à-coups des cours, à la hausse ou à la baisse – reste de mise, force est de constater que la nervosité des investisseurs a baissé d’un cran.

« Perception plus positive des perspectives de croissance mondiale »

La preuve ? Des nouvelles qui les auraient tétanisés en janvier ne provoquent aujourd’hui, au pire, que quelques petits remous sur les marchés. Ainsi des prévisions de printemps du Fonds monétaire international (FMI), les 12 et 13 avril, qui a pourtant lancé officiellement une « alerte » en revoyant à la baisse ses prévisions de croissance mondiales. « Les dernières prévisions du FMI étaient clairement anxiogènes. Les perspectives d’amélioration significative de l’activité en 2016 semblent s’évanouir et le FMI a listé l’ensemble des risques pouvant lourdement peser sur son scénario économique. Mais ces éléments négatifs ne font-ils pas déjà partie du passé ? […] Le regain de confiance des investisseurs pourrait traduire une perception plus positive des perspectives de croissance mondiale, avec un net recul des scénarios les plus négatifs sur certains pays émergents, comme la Chine, et, surtout, de l’incertitude », expliquent les analystes d’Aurel BGC dans une note.

Même relative indifférence des investisseurs, lundi 18 avril, malgré l’échec de la conférence de Doha, la veille, au cours de laquelle les pays producteurs de pétrole, membres ou non de l’OPEP, ont échoué à s’entendre sur un gel de la production qui aurait permis d’assurer une poursuite de la remontée du prix du baril, point de panique boursière à l’ouverture des marchés. Plusieurs analystes avaient en fait mis en évidence le mouvement de rebond des cours déjà à l’œuvre, dans la ligne de l’analyse publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En substance, la Chine et l’Inde devraient continuer de tirer la demande, tandis que, côté offre, les Etats-Unis, premier pays producteur au monde, ont nettement resserré les vannes.

A l’inverse, les Bourses mondiales n’ont pas non plus débordé d’enthousiasme après la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) qui s’est tenue jeudi. Mario Draghi, son président, s’est de fait contenté de préciser le mécanisme de rachat d’actifs élargi qu’il va mettre en place à partir de juin, et de répondre – de façon assez musclée, certes – aux critiques allemandes sur les conséquences pour les épargnants outre-Rhin de sa politique monétaire accommodante.

L’« indice de la peur » à son plus bas de l’année

S’il fallait une preuve supplémentaire que les marchés ont retrouvé un brin de sérénité, ce serait l’évolution du Vix, le fameux « indice de la peur », qui mesure la volatilité à venir du marché à travers les options d’achat ou de vente placées sur le S&P 500. Il évolue à peine au-dessus des 13 points, à son plus bas niveau de l’année, alors qu’il était monté à 28 points en février et à plus de 40 points fin août 2015, lors des premières alertes sur les dysfonctionnements de la croissance chinoise.

Pas question, pour autant, de relâcher la vigilance, soulignent les analystes de S&P Dow Jones Indices : « Le marché du crédit reste sceptique [quant à une baisse durable de la volatilité], comme en témoignent les rendements des obligations high yield” (plus chères car plus risquées) qui viennent rappeler que les prix du pétrole, bien qu’ayant stoppé leur chute, restent très bas pour les producteurs [américains notamment] ». Le risque de change, amplifié par les incertitudes sur la politique monétaire de la Fed, mais aussi les risques de « Brexit » (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne), sur lequel les Britanniques doivent se prononcer par référendum le 23 juin, constituent autant d’éléments susceptibles de provoquer de nouvelles secousses sur les marchés dans les semaines à venir.