Le président François Hollande a procédé, mercredi 6 avril, à de premiers arbitrages financiers en vue d’honorer la promesse, faite après les attentats terroristes de novembre 2015, de relever l’effort de défense du pays.

Lors d’un conseil de défense réuni à l’Elysée, il a été décidé que 600 millions d’euros supplémentaires seraient engagés en 2017 au profit des armées, dont le budget atteint déjà 32 milliards. La somme permettra de couvrir des recrutements, des mesures sociales destinées à améliorer la condition des personnels militaires, et des équipements – des munitions notamment – commandés pour faire face aux besoins urgents des opérations extérieures en cours, en Irak ou en Afrique.

Le 16 novembre 2015, au lendemain des tueries du Stade de France, du Bataclan et des terrasses parisiennes, le chef de l’Etat avait annoncé qu’il n’y aurait « plus aucune diminution d’effectifs dans la défense jusqu’en 2019 ». Etaient ainsi préservés 10 000 emplois, que le même président avait décidé de supprimer au début de son mandat. Sur la période 2014-2019, le ministère de la défense devait perdre 34 000 postes. Un plan social considérable (12 % des effectifs) qui succédait à la saignée décidée par le gouvernement précédent (– 20 % entre 2008 et 2014).

L’engagement présidentiel de la fin de 2015, s’il est honoré jusqu’au bout, coûtera à terme 3 milliards d’euros supplémentaires au budget national. La majeure partie de ce nouvel effort sera supportée dans les budgets de 2018 et 2019. Selon les informations du Monde, le conseil de mercredi a décidé que 3 000 emplois seraient financés en 2017, autant en 2018, et le reste, 4 000, en 2019.

Huit cents nouveaux postes

A la suite des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher de la porte de Vincennes, une première révision avait été nécessaire, pour déployer dans la durée 10 000 soldats en armes sur le territoire, en plus des 10 000 engagés dans les opérations extérieures. M. Hollande avait décidé alors de sauver un premier lot de 18 700 emplois qui avaient vocation à disparaître. Effectifs et équipements compris, le coût de ce premier effort s’établit à 3,8 milliards d’euros, dont l’essentiel a également été étalé sur 2018 et 2019.

Ces deux années correspondent à la fin de la loi de programmation militaire votée par le parlement, qui couvre la période 2014-2019. Sous la pression des crises sécuritaires, la programmation, qui fixe le rythme des grands programmes d’armement et le volume des effectifs militaires, aura donc été révisée deux fois à la hausse, ce qui est exceptionnel dans l’histoire de la défense française.

Les chefs militaires se sont donc trouvés dans la situation de licencier et de recruter en même temps. Au terme de réorganisations très complexes dans les armées, le solde entre les suppressions d’emplois déjà engagées et les nouvelles embauches prévues sera positif : la défense française verra ses rangs progresser de 800 personnels, dont 400 dès 2017 dans deux secteurs prioritaires, les unités de combat et la cyberdéfense.

La décision présidentielle, prise par étapes après les deux vagues d’attentats de 2015, a été considérée comme historique en ce qu’elle a donné un coup d’arrêt au mouvement de réduction continue des armées depuis la fin de la guerre froide. Du point de vue des responsables militaires, ce réinvestissement relève d’une opération de vérité des prix, car, ces dernières années, l’exécutif avait multiplié les guerres sans que les moyens suivent. Il reste à concrétiser les nouveaux efforts, appelés à être financés bien au-delà de l’élection présidentielle de 2017.