Rachid Abou Houdeyfa, imam de la mosquée Sunna de Brest, le 20 novembre. | FRED TANNEAU / AFP

Une enquête préliminaire a été ouverte à l’encontre de l’imam de la mosquée Sunna de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, « après les propos de François Hollande » mi-avril le concernant, affirme mercredi 4 mai à l’AFP une source proche du dossier, confirmant les informations du Télégramme. Elle est conduite sous l’autorité du parquet de Brest, et ce depuis le 21 avril selon le quotidien régional.

L’enquête viserait l’activité économique de l’imam, dans la mesure où ses propos concernant la musique ou le statut de la femme ne tombent pas sous le coup de la loi. Seraient ainsi visés les dons reçus pour financer l’école coranique qui devrait ouvrir dans les semaines à venir sur le site de la mosquée, les revenus de ventes en ligne ou générés par les vidéos postées sur Internet, ou encore l’activité de voyagiste de l’imam.

Rachid Abou Houdeyfa est à l’origine de nombreuses vidéos qui ont à plusieurs reprises fait polémique sur les réseaux sociaux en raison des propos intégristes qu’il y tient. Il y a plus d’un an, il avait provoqué de nombreuses réactions après en avoir diffusé une dans laquelle on le voyait expliquer à des enfants que celui qui écoute de la musique risque d’être transformé en porc. Face à l’avalanche de réactions, l’imam avait affirmé que ses propos n’étaient pas à prendre au premier degré.

« Ce lieu de haine a été fermé »

Lors de l’émission « Dialogues citoyens » du 14 avril, le chef de l’Etat avait affirmé, hâtivement, que ce dernier faisait l’objet de poursuites judiciaires. « Il est inquiété, il est poursuivi et il est dans une procédure judiciaire. Donc nous devons lutter contre ces prêcheurs, ces partisans de la haine qui induisent la radicalisation », avait déclaré le président, précisant : « Celui-là est français et ne peut pas être expulsé, mais son lieu de prière — je ne veux même pas utiliser ce mot — ce lieu de haine a été fermé. »

Après vérification faite le lendemain de l’émission, il s’avérait que la mosquée Sunna était alors toujours ouverte et active et que l’imam poursuivait la diffusion de ses prêches sur sa page Facebook. Une perquisition administrative avait bien eu lieu dans cette mosquée de la périphérie de Brest en novembre, quelques jours après les attentats de Paris et Saint-Denis, mais elle n’avait donné lieu à aucune interpellation, et le lieu n’a jamais été fermé.