La Cour suprême indienne a rejeté jeudi 28 avril le recours formé par une Française contre son extradition au Chili. Santiago la soupçonne d’avoir participé, en 1991, à l’assassinat du sénateur de droite Jaime Guzman Errazuriz.

Marie-Emmanuelle Verhoeven a été arrêtée en février 2015 à la demande de la justice chilienne via Interpol, peu après son entrée dans le pays à la frontière indo-népalaise. La cinquantenaire, originaire de Nantes, est depuis détenue à Delhi.

Afin d’éviter son transfèrement vers le Chili, ses avocats faisaient valoir que le traité d’extradition entre les deux pays n’était pas valable. Ce dernier, qui date de 1897, a été conclu au moment où l’Inde était toujours une colonie britannique et il n’a pas été officiellement ratifié après la partition du pays en 1947. Argument rejeté par la Cour suprême.

Une des conseils de la Française, Ramni Taneja, a déclaré à l’Agence France-Presse que cette décision était un « gros coup » pour sa cliente.  « Cela signifie que la procédure d’extradition va pouvoir suivre son cours. C’est dévastateur pour elle. »

Appel à la communauté internationale

Dans un communiqué, Mme Taneja et sa collaboratrice, Clémence Witt, se disent « profondément choquées » que l’Inde ait pu donner suite à une demande « dont le caractère politique ne fait aucun doute et qui est dépourvue de tout fondement juridique ». Elles font par ailleurs part de leurs inquiétudes quant au maintien en prison de Marie-Emmanuelle Verhoeven.

« Dès le 21 septembre 2015, la Haute Cour de justice de New Delhi avait jugé que son placement en détention provisoire était illégal », insistent-elles, avant d’appeler « la communauté internationale à se mobiliser ». La Cour suprême du pays avait déjà rejeté en novembre une demande de liberté provisoire.

Le sénateur Jaime Guzman, également professeur de droit, avait été abattu par des membres du groupe d’extrême gauche, le Frente Patriotico Manuel Rodriguez (FPMR), alors qu’il sortait de l’Université catholique du Chili. Il était considéré comme un des principaux idéologues de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Marie-Emmanuelle Verhoeven, surnommée « Comandante Ana », est soupçonnée d’être la sixième tête du Front patriotique, que le juge en charge de l’affaire Guzman considère aujourd’hui comme le cerveau de l’assassinat.

Elle avait déjà été arrêtée en janvier 2014 à l’aéroport de Hambourg, en Allemagne, à la demande de la justice chilienne. Elle avait été libérée en juin 2014.