Comme chaque soir depuis deux semaines, des centaines de personnes se sont réunies, jeudi 14 avril, sur la place de la République à Paris, point de ralliement du mouvement « Nuit debout ». Là, quelques participants ont suivi sur un écran installé à la hâte l’intervention du président François Hollande, organisé par la chaîne France 2.

A la fin de l’émission, plusieurs centaines de manifestants − environ 300 selon la police − ont quitté le lieu en criant leur intention de marcher vers l’Elysée, a rapporté une journaliste de l’Agence France-Presse. Déviés par un cordon de CRS, ils ont fini par sillonner des rues des 10e et 19e arrondissements de la capitale.

Un petit groupe de casseurs a brisé des vitrines et des abribus. Des véhicules ont également été vandalisés. Une antenne de Pôle emploi a aussi été ciblée. Des forces de police ont été déployées en nombre et les manifestants se sont dispersés. « Des enquêtes sont d’ores et déjà en cours pour identifier les auteurs de ces faits et les traduire devant la justice », a assuré la préfecture de police dans un communiqué.

Plus tôt dans la soirée, d’autres personnes s’étaient réunies à proximité du Musée de l’Homme, dans le 16e arrondissement, où se déroulait l’émission avec M. Hollande. Elles ont été tenues à distance du lieu par les forces de l’ordre. Ces rassemblements nocturnes spontanés, qui se tenaient également dans plusieurs autres villes, étaient le point d’orgue d’une nouvelle journée de mobilisation contre le projet de loi travail. Ce texte « ne sera pas retiré », a répété dans la soirée le chef de l’Etat, ajoutant toutefois que certaines « corrections » pourront y être apportées lors du débat parlementaire.

Manifestations en Province

A Paris, une manifestation, programmée celle-là, avait déjà réuni dans l’après-midi 1 700 personnes selon la police. Des échauffourées avaient éclaté durant une vingtaine de minutes sur la place de la République, des manifestants cagoulés jetant chaises, bâtons et bouteilles en direction des CRS, qui ont riposté avec des charges et du gaz lacrymogène. Sept CRS avaient alors été légèrement blessés, ainsi que quatre manifestants, selon la préfecture de police, tandis que six personnes étaient interpellées pour des jets de projectiles et « outrages ».

Dans les Hauts-de-Seine, où des rassemblements ont lieu quotidiennement, quatre lycéens ont également été placés en garde à vue après avoir pris pour cible les services de police. En visite à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le premier ministre Manuel Valls a lui aussi fait les frais de la gronde populaire. Le chef du gouvernement été accueilli, dans la matinée, par une cinquantaine d’individus mécontents, écartés sans ménagement par les forces de l’ordre.

En province, des défilés à Nantes et Montpellier ont été émaillés d’incidents, certains manifestants s’en prenant violemment aux forces de l’ordre, saccageant des abribus et mettant le feu à des poubelles. A Montpellier, où un cortège a réuni de 1 500 selon la police à 5 000 manifestants selon les organisateurs, 17 personnes ont été placées en garde à vue. Près de Toulouse, à Castelmaurou, quelque 200 personnes ont raillé la venue du président du Medef, Pierre Gattaz, à une conférence sur la « solitude » des patrons, tandis qu’à Rennes les locaux de l’organisation patronale ont été envahis et dégradés, selon la préfecture

La « loi travail » expliquée en patates
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