Le déplacement de Marine Le Pen au Royaume-Uni, sera tout sauf triomphal. Gisela Stuart, une des leaders de la campagne en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a fait parvenir, vendredi 22 avril, à la ministre de l’intérieur, Theresa May, une lettre réclamant l’interdiction de l’entrée sur le territoire de la dirigeante du Front national.

La coprésidente – travailliste – de Vote Leave, la principale coalition militant pour le Brexit, a fait valoir auprès de la ministre de l’intérieur que les opinions « clivantes et incendiaires » de Mme Le Pen ne sont pas « favorables à l’intérêt public », un motif invoqué par les autorités 72 fois entre 2010 et 2014 pour prononcer des interdictions de territoire.

Le ministère de l’intérieur ne s’exprime pas

Faisant référence à certains propos de la dirigeante frontiste, notamment sur les prières de rues musulmanes, Mme Stuart a pressé Mme May « d’exercer [ses] pouvoirs dans le cadre des lois sur l’immigration et de lui refuser l’entrée dans le pays si et quand elle tente de se rendre au Royaume-Uni ». Sollicité par la BBC, le ministère de l’intérieur a expliqué ne pas s’exprimer sur des cas individuels.

L’entourage de Marine Le Pen avait annoncé, il y a quelques jours, un déplacement au Royaume-Uni afin d’y soutenir la campagne en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin, une consultation qu’elle appelle de ses vœux en France.

Elle avait qualifié ce référendum, le 16 avril lors d’une conférence en Roumanie, de « moment clef de l’histoire européenne » et disait espérer que « les Français auront eux aussi sans trop attendre une occasion semblable », à l’instar de « chaque peuple » de l’Union européenne.

Si elle parvient à traverser la Manche, Marine Le Pen devrait apporter son soutien à Janice Atkinson, une transfuge du parti eurosceptique Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), militant pour le Brexit, qui a rejoint le groupe du Parlement européen présidé par la députée française.

Même l’UKIP, par la voix de son leader, Nigel Farage, a pris ses distances avec la venue de Mme Le Pen. Tout en excluant une interdiction de territoire, ce dernier a dit « préférer qu’elle ne vienne pas », considérant sa venue inutile. « L’antisémitisme est dans l’ADN du [Front national] », avait estimé le même M. Farage lorsque s’était posée la question d’une alliance avec le parti d’extrême droite français à l’issue des élections européennes de 2014.