Le futur grand aéroport international de Berlin, en septembre 2015. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Qu’un communicant se fasse remercier en raison de propos tenus dans une revue de communicants n’est pas banal. Que cela fasse la « une » de la presse nationale, y compris du quotidien populaire Bild, l’est encore moins. Mais il est vrai que Daniel Abbou était, jusqu’à ces derniers jours, le porte-parole d’une entreprise un peu particulière : le BER. Cela ne vous dit rien ? Normal. Nul, pour le moment, n’a encore eu le privilège d’accéder à ses services.

Ce sigle est celui du futur grand aéroport international de Berlin. Celui situé au sud de la capitale et dont l’ouverture, initialement prévue en 2007 est sans cesse remise à… plus tard. Difficile d’être plus précis. Et c’est justement parce que Daniel Abbou l’a reconnu qu’il a été congédié le 13 avril. « Croyez-moi, aucun responsable politique, aucun directeur d’aéroport, aucune personne qui n’est pas sous l’emprise de médicament, ne peut vous donner de garanties précises sur cet aéroport », avait-il déclaré à la revue PR-Magazin.

Une phrase qui, pour ses patrons, s’apparente à une sortie de piste. Surtout que Daniel Abbou ne s’est pas contenté de cette formule choc. « Les Berlinois et les habitants du Brandebourg ont le droit de voir où leurs milliards ont été engloutis », juge-t-il, reconnaissant qu’« avant on disait la plupart du temps : mais non, tout va bien. C’est n’importe quoi ».

Dans cette structure éminemment politique – les élus régionaux trustent le conseil de surveillance, présidé par le maire de Berlin –, la mise en cause des dirigeants passés est un crime de lèse-majesté, surtout à quelques mois des élections à la mairie de Berlin. Daniel Abbou, lui-même membre du Parti social-démocrate, ne pouvait pas ne pas le savoir. A-t-il eu raison de dire la vérité ? Avait-il une obligation de réserve ? La presse est divisée.

Facture multipliée par quatre

En principe, le nouveau directeur du BER, Karsten Mühlenfeld, devrait annoncer, le 22 avril si, comme indiqué fin 2014, il est toujours prévu d’ouvrir l’aéroport fin 2017. Une surprise de dernière minute n’est jamais exclue. Ce n’est que dans la deuxième quinzaine de mai 2012 que l’ouverture, prévue le 3 juin 2012, a été repoussée à 2013, puis à 2014 et maintenant à 2017. Evidemment, la facture augmente d’autant. Prévu pour un coût de 1,7 milliard d’euros, l’aéroport pourrait coûter, au total, quatre fois plus cher.

Dans ce pays fédéral qu’est l’Allemagne, les malheurs du BER sont, pour beaucoup d’Allemands, la preuve que, décidément, les Berlinois sont incapables de mener de grands projets à bien. Une critique qui pique au vif Michael Müller. Le maire de Berlin faisait jusqu’à présent remarquer qu’à Hambourg aussi les travaux de la future Philharmonie s’éternisent. Il va devoir trouver un autre argument. La mairie de Hambourg vient d’annoncer que le premier concert serait donné le 11 janvier 2017. Après, il est vrai, dix ans de travaux et une facture passée de 78 millions à près de 800 millions d’euros.