Le gouvernement maltais de gauche, emmené par Joseph Muscat, a sans surprise réussi à passer, lundi 18 avril, au travers d’une motion de censure déposée au Parlement par l’opposition. Cette dernière a été motivée par les récentes révélations des « Panama Papers », impliquant notamment son ministre de l’énergie. Après treize heures de débat, les 69 élus du pays ont procédé au vote en soirée : 38 se sont prononcés pour maintenir la confiance à l’administration Muscat, 31 ont contre.

Dans un message sur son compte Twitter, le premier ministre s’est félicité d’un score « fort et sans ambiguïté, qui donne [à l’exécutif] de l’énergie pour continuer à travailler dur et obtenir des résultats ». Le chef de file de l’opposition nationaliste, Simon Busuttil, a quant à lui déclaré après le vote que le gouvernement était « en crise et corrompu », depuis les dernières élections générales de mars 2013.

Dépôt initial d’un million de dollars

Le ministre de l’énergie, Konrad Mizzi, et le directeur de cabinet de Joseph Muscat, l’homme d’affaires Keith Schembri, ont tous les deux été cités dans le dossier concernant le cabinet d’avocats Mossack Fonseca, au cœur du scandale des « Panama Papers », révélé par Le Monde et une centaine de médias internationaux.

D’après ces documents, le cabinet a été mandaté pour ouvrir des comptes bancaires à ces deux responsables maltais dans les Caraïbes, à Panama, à Dubaï et à Miami. Ils révèlent également que les banques en question avaient demandé un dépôt initial d’un million de dollars.

MM. Mizzi et Schembri ont tout deux nié avoir agi ainsi et refusé de démissionner de leurs postes. Quant à Joseph Muscat, il a expliqué qu’il attendait le résultat d’investigations judiciaires pour prendre une décision.

Deux dirigeants européens contraints à la démission

Les révélations d’évasion fiscale de grande ampleur dans le cadre des « Panama Papers », impliquant des hauts responsables politiques, des sportifs ou des milliardaires, ont provoqué une onde de choc mondiale et conduit plusieurs pays à ouvrir des enquêtes afin d’identifier les fraudeurs présumés et les faits qui leur sont reprochés.

Depuis, deux dirigeants européens ont été contraints à la démission : le ministre espagnol de l’industrie, José Manuel Soria, après avoir passé une semaine à nier catégoriquement tout lien avec des paradis fiscaux, et le premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson, sous la pression de la rue outrée par les révélations sur ses placements dans ces pays accueillant des sociétés offshore.