Les costumes du film "Casino Royale" à la Villette le 13 avril 2016. | Francois Mori / AP

Dans la vitrine, le bikini de la girl Honey Ryder (James Bond contre Dr No, 1962), côtoie celui de Jinx (Meurs un autre jour, quarante ans plus tard). La BMW R1200, moto de cascades, avec laquelle 007 saute d’un hélicoptère dans Demain ne meurt jamais (1997) trône au milieu d’esquisses en tous genres, de plans de décor, de costumes, de faux passeports et de gadgets à gogo directement sortis de l’armurerie délirante de Q : appareil photo laser, réveil explosif, paquet de cigarette détonateur et cornemuse lance-flamme.

En tout, ce sont plus de 500 objets tirés des films de James Bond et de leurs tournages qui sont ainsi exposés dans la Grande halle de la Villette, à Paris, du 16 avril au 4 septembre. Derrière un parcours fétichiste dont la scénographie oscille entre musée Grévin et écomusée, l’exposition est aussi – et c’est sans doute là tout son attrait – un hommage au cinéma d’action tel qu’il se fabriquait il y a seulement quelques années, quand les effets spéciaux étaient encore soumis à l’inventivité de bricoleurs de génie et aux maquettes en tous genres.

De 1962 à 2015, en vingt-quatre films, six acteurs ont incarné « 007 » : Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig.

« On a fouillé dans tout ce qu’ont conservé les producteurs, la société EON, et ils ont gardé pratiquement tout, raconte Bronwyn Cosgrave. C’était formidable, on pouvait prendre ce que l’on voulait. » Journaliste de mode du Vogue britannique venue à 007 à travers la question du costume, elle est aujourd’hui la co-commissaire de cette exposition créée en 2012 au Barbican de Londres et qui, depuis, parcours le monde : Toronto, Shangaï, Moscou, Madrid, Mexico… 007 est un héros planétaire.

L'Aston Martin DB5 du film "Goldfinger" à la Villette in Paris, le 13 avril 2016. | Francois Mori / AP

C’est TF1, par le biais de sa filiale TF1 enterprise, qui a fait venir l’événement à Paris. Logique : James Bond a toujours fait des cartons au box office mondial. Avec Skyfall (2012) le film a même pulvérisé la barre du milliard d’entrées (7 millions en France) ! De 1962 à 2015, en vingt-quatre films, six acteurs ont incarné « 007 » : Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig.

« Dress code : Bond »

Dans les allées, l’éternelle discussion : « Pour moi, le vrai c’est Sean Connery… » « Ah non, pour moi cela ne peut être que Roger Moore ! » En tout cas, 007 n’a pas fini de faire des émules. Il suffit de regarder tous ces gens chics enquiller les vodkas-martinis à la façon de l’agent secret : « au shaker, pas à la cuillère ».

Le vernissage a un avant-goût du festival de Cannes. « Dress code : Bond », disait l’invitation. Les gens ont joué le jeu. Robes de soirée, smoking, nœuds papillons. A l’extérieur, devant la Grande Halle, deux rangées de voitures de sport telles que Bond les affectionnait : « Euh, non monsieur, on ne touche pas. » A l’intérieur de la Halle, une cohorte d’hotesses-cendrillons circulent en longues robes rouges aux décolletés d’agents doubles.

Accroché à un guéridon, un homme explique à son voisin qu’en 2013, le très sérieux British medical journal a publié une étude alarmante. Epluchant la littérature de Ian Fleming, une équipe de chercheurs a calculé la consommation d’alcool James Bond. Diagnostic : 007 est un alcoolique caractérisé qui serait bien incapable d’accomplir les faits d’armes et les prouesses sexuelles que l’auteur lui a prêté. Mauvaises langues ! Jaloux ! Agents du spectre !

On guette les stars. Il n’y a ni Léa Seydoux ni Monica Bellucci (Spectre), pas plus Sophie Marceau (Demain ne meurt jamais), mais on a Béatrice Libert et Irka Bochenko, James Bond girls sur Moonraker. Elles n’avaient pas vingt ans à l’époque, en 1979. Elles en ont trente-sept de plus aujourd’hui. Il n’y a pas que les Aston Martin DB5 argent (Golden Eye, 1964) qui se pâtinent, les James Bond girl vieillissent aussi. Et au fond, c’est sacrément rassurant.