Le président François Hollande, le 14 avril, dans "Dialogues citoyens" sur France 2. | Stephane de Sakutin / AP

L’intervention télévisée du président de la République, François Hollande, jeudi 14 avril dans le cadre de l’émission « Dialogues citoyens » sur France 2, a été − sans surprise − diversement accueillie par la classe politique. Alors que le chef de l’Etat doit faire face à de nombreuses critiques dans son propre camp, certains de ses fidèles ont loué son courage et sa ténacité, ses détracteurs ont, eux, insisté sur son absence de ligne directrice et sa naïveté quant à la situation réelle du pays.

« Il a tracé l’avenir du pays »

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, a fait part sur Twitter de son soutien au chef de l’Etat, jugé « debout dans la nuée des critiques ». La veille, le chef de file de la formation politique dont est issu le président avait annoncé le lancement la Belle Alliance populaire, une tentative d’élargissement de sa base qui passe par une ouverture aux syndicats, aux associations et à la société civile. Une initiative implicitement pensée sur-mesure pour que François Hollande puisse s’appuyer dessus le moment venu.

Autre félicitation pour François Hollande, celle du président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno Leroux. Dans un communiqué, il a ainsi estimé « essentiel » le rendez-vous de ce jeudi soir « pour balayer les caricatures et mesurer l’importance de ce qui a été accompli depuis le début du quinquennat ». Et le député de Seine-Saint-Denis de faire valoir : « En défendant avec vigueur, ses choix réformistes et progressistes, François Hollande a fait bien plus que défendre le bilan de son action, il a tracé l’avenir du pays. »

« Le temps perdu ne se rattrape pas »

Si le chef de l’Etat a pu compter sur le soutien de ses proches, à gauche, d’autres voix se font plus dissonantes. C’est le cas de Christian Paul, chef de file des socialistes frondeurs : « D’accord ou pas avec eux, les citoyens ont exercé le droit d’inventaire. Le Président peine à convaincre. Le temps perdu ne se rattrape pas », a plaidé le député de la Nièvre sur Twitter.

Pour le coordinateur politique du Parti de gauche, Eric Coquerel, le président a versé dans « un exercice irréel ». « Niant la réalité économique du pays, il a cédé dans l’autosatisfaction en dressant un bilan globalement positif de sa politique économique. » A ses yeux, loin de rassurer les Français, M. Hollande « a fait un bide » :

« Il y a un encore peu, une intervention présidentielle était un événement, Hollande a réussi à en faire un repoussoir. Comme son bilan. »

« Un profond sentiment de scepticisme »

A droite aussi, les critiques négatives sont légion. Le groupe des sénateurs Les Républicains (LR) a ainsi jugé que le président avait « pataugé sur tous les sujets ». « François Hollande a montré qu’il était bien décidé à ne rien changer, à tourner le dos aux vraies réformes et à poursuivre ce qui ne marche pas. Aucun souffle, aucune énergie, les mois qui viennent vont être très longs pour les Français », ont fait valoir ses membres dans un communiqué.

« C’était courageux de sa part de s’exposer ainsi, dans l’état de faiblesse politique où il se trouve », a estimé sur son blog le candidat à la primaire de la droite, Alain Juppé (LR). Lui non plus n’a pas été convaincu par la prestation du chef de l’Etat.

« A aucun moment, il n’a su trouver, selon moi, la réponse qui fait mouche. (…) Le seul moment où “ça passait”, c’était à l’extrême fin quand, le métier politique aidant, il a fait jouer la corde sensible. Mais au total, ce qui se dégageait de ces deux heures d’émission pour le téléspectateur, c’était un profond sentiment de scepticisme. »

« Un long plaidoyer de son inaction »

A l’extrémité droite de l’échiquier politique français, là encore les remontrances sont de mise. « Un nouveau grand ratage présidentiel », pour la patronne du Front national, Marine Le Pen. Un exercice loupé sur le fond souligne cette dernière : « Aucune réponse concrète n’a été donnée à ses interlocuteurs, et qu’aucune annonce susceptible de sortir la France et les Français de l’ornière n’a été faite. » A ses yeux, l’intervention télévisée de M. Hollande se résume à « un long plaidoyer de son inaction ».

Pour le chef de file du mouvement Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, l’émission de France 2 a vu s’opposer deux mondes : « D’un côté celui de Français, lucides, courageux, réalistes sur leurs souffrances et les faiblesses du pays. De l’autre, celui d’un président hors-sol, déconnecté des réalités, incapable de répondre à la colère de nos concitoyens. » Pour le souverainiste, ces sphères sociales sont « irréconciliables tant François Hollande passe à côté des enjeux du pays ».