Les Français dans leur très grande majorité ne veulent pas assister en 2017 à un « match retour » entre François Hollande et Nicolas Sarkozy pour la présentielle. C’est l’enseignement principal de la troisième vague de l’enquête électorale entreprise par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), en collaboration avec Le Monde et réalisée par Ipsos-Sopra Steria.

  • François Hollande en plein marasme

François Hollande, à l'INSEP, le 29 mars. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

En deux mois, le chef de l’Etat a perdu 4 points dans les intentions de vote des personnes certaines d’aller voter à l’élection présidentielle. Si Nicolas Sarkozy était le candidat de la droite, M. Hollande ne recueillerait plus que 16 % des suffrages, contre 27 % (+ 1 point) pour Marine Le Pen, 21 % pour M. Sarkozy et 11 % (+ 1) pour Jean-Luc Mélenchon.

S’il devait affronter Alain Juppé, et que François Bayrou était candidat, M. Hollande s’affaisserait à 14 %, contre 31 % pour le maire de Bordeaux, 26 % pour Mme le Pen et 10 % pour M. Mélenchon. C’est dans le cœur de son électorat que le président enregistre l’érosion la plus forte des intentions de vote en sa faveur : sur 100 électeurs qui avaient voté pour lui au premier tour de la présidentielle de 2012, 45 seulement envisagent de récidiver en 2017 s’il affrontait Nicolas Sarkozy et 41 s’il était opposé à Alain Juppé, soit une déperdition de 12 et 10 points depuis janvier.

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  • Nicolas Sarkozy en difficulté

Nicolas Sarkozy. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Avec 26 % des intentions de vote des personnes certaines de participer à la primaire, le président des Républicains recule de 6 points par rapport à fin janvier. Et même s’il devance encore M. Juppé parmi les sympathisants de son parti, ce n’est plus que de 4 points (39 % contre 35 %). Pour M. Sarkozy, la compétition ne se limite plus au duel avec M. Juppé, qui enregistre pour sa part une légère érosion, à 42 %, en baisse de 2 points depuis deux mois. Un mois après le lancement officiel de sa candidature, Bruno Le Maire réalise en effet une percée très significative : avec 17 % des intentions de vote, il progresse de 6 points par rapport à fin janvier. Cette poussée est forte chez les centristes de l’UDI, où il commence à rivaliser avec M. Juppé, et importante dans l’électorat Front national, où il fait pratiquement jeu égal avec MM. Juppé et Sarkozy. Le député de l’Eure commence à faire figure de sérieux challengeur, loin devant François Fillon (8 %, en baisse de 1 point) et, plus encore, Nathalie Kosciusko-Morizet (2,5 %) et Jean-François Copé (1 %), tous deux entrés en campagne ces dernières semaines.

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  • Martine Aubry incarne la gauche

Martine Aubry, le 7 mars, au Bureau National du PS. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Mieux vaut – selon les personnes interrogées par Ipsos-Sopra Steria – ne pas incarner une gauche « classique » pour avoir quelque chance d’enregistrer un (relatif) succès électoral.

Avec 19 % de citations, Martine Aubry est, des neuf personnalités proposées dans l’enquête, perçue comme celle qui incarne le mieux la gauche ; 13 % seulement citent Manuel Valls.

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Mais le premier ministre arrive nettement devant la maire de Lille (30 % contre 16 %) dans le classement des candidats de gauche – déclarés ou virtuels – les mieux à même de se qualifier au second tour de l’élection présidentielle. Porté par les sympathisants de droite, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, arrive en deuxième position de ces deux classements.

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[Méthodologie : sondage réalisé par Internet du 11 au 20 mars, auprès d’un échantillon de 20 319 personnes, dont 13 693 se disant certaines d’aller voter à la présidentielle de 2017, et 1 282 certaines d’aller voter à la primaire de la droite.]