Les électeurs de l’Indiana, un Etat du Midwest américain, votent mardi 3 mai lors des primaires républicaine et démocrate. Les républicains désigneront 57 délégués ; les démocrates, 92. Donald Trump se dit certain de décrocher l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle du 8 novembre s’il remporte cette consultation.

Un sondage NBC-Wall Street Journal-Marist College, conduit du 26 au 28 avril, semble lui donner raison. Le favori de l’investiture républicaine obtiendrait 49 % des suffrages dans le Hoosier State – le surnom de l’Etat fait l’objet de nombreux commentaires –, contre 34 % à Ted Cruz et 13 % à John Kasich, le gouverneur de l’Ohio.

FiveThirtyEight, le site d’analyse de sondages de Nate Silver, estime que M. Trump a 94 % de chances de remporter cette primaire.

Un défi pour Ted Cruz

Ce sondage illustre l’ampleur du défi que devra relever M. Cruz, sénateur du Texas, pour empêcher son adversaire de remporter les 1 237 délégués lui assurant la nomination républicaine.

Sur les 57 délégués républicains qu’enverra l’Indiana à la convention, trois sont attribués par chacun des neuf districts électoraux de l’Etat. Dans ces districts, le candidat qui obtient le plus de voix remporte les trois délégués. Les trente autres sont attribués au candidat qui remporte le plus de voix au niveau de tout l’Etat.

M. Trump détient déjà 996 délégués, selon un décompte effectué par l’agence de presse Associated Press. En cas de victoire, il semble à même de remporter la nomination du Grand Old Party, sans attendre la convention nationale républicaine, qui aura lieu du 18 au 21 juillet à Cleveland, et au cours de laquelle sera officiellement désigné le candidat du Parti républicain à l’élection présidentielle, le 8 novembre. Ce sera peut-être chose faite le 7 juin, à l’issue de la primaire de Californie.

Dans une interview dans l’émission « Fox News Sunday », le 1er mai, M. Trump a fait preuve de sérénité. A la question de savoir si la compétition dans l’Indiana mettrait fin à la course à l’investiture républicaine pour la Maison Blanche, le magnat de l’immobilier a répondu : « Oui. C’est fini. C’est déjà fini. » Le même jour, lors d’un meeting à Terre Haute, dans l’Indiana, il a raillé ses deux concurrents à l’investiture, les décrivant comme suspendus à une falaise et appelant à l’aide.

Il s’en est également pris à sa probable adversaire, la démocrate Hillary Clinton. « La seule carte qu’elle a est la carte des femmes. Elle a fait un boulot tellement nul que même les femmes ne l’aiment pas, a-t-il lâché. Si elle n’était pas une femme, elle ne serait même pas dans la course. »

La reconquête par Donald Trump

M. Trump a enfin entrepris de reconquérir les délégués qui lui faisaient défaut, note The New York Times. Le quotidien relève que, après avoir apporté leur soutien à M. Cruz, bon nombre de délégués, qui seront présents à la convention républicaine de juillet, « se résignent à l’inéluctabilité de l’investiture de Donald Trump », car ils refusent que la convention se transforme « en cirque » au cours duquel le Parti républicain donnerait une image de division.

La volonté de M. Cruz d’apparaître comme le candidat alternatif paraît de plus en plus illusoire. Fort de 565 délégués, il se targue du soutien du républicain Mike Pence, le gouverneur de l’Indiana. En annonçant son soutien au sénateur du Texas, ce dernier a pris soin de ne pas insulter l’avenir en faisant l’éloge de M. Trump, « qui exprime la frustration de millions d’Américains que Washington désespère ».

Lors de l’émission « Meet the Press », le 1er mai, M. Cruz s’est vu plusieurs fois poser la question de son soutien à M. Trump si ce dernier était choisi comme candidat du Parti républicain. Le sénateur du Texas a éludé la question neuf fois, pour la transformer en une attaque contre les médias.

Malgré les sondages, Ted Cruz estime être bien parti pour l’Indiana parce qu’il a choisi pour vice-présidente Carly Fiorina, ancienne directrice générale de Hewlett-Packard et ancienne candidate à l’investiture républicaine. | JOE RAEDLE / AFP

« Je reconnais que nombreux sont ceux qui, dans les médias, adoreraient me voir me rendre à Donald Trump, parce que cela signifierait une victoire d’Hillary. Les médias ont donné 2 milliards de dollars de publicité gratuite à Donald Trump. »

Celui qui pourfend le gouvernement fédéral américain met ses rivaux dans le même sac : « Donald et Hillary sont dans la place à Washington » et seraient même « les deux faces d’une même pièce », affirme-t-il dans une publicité de campagne.

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Malgré les sondages, M. Cruz estime être bien parti pour l’Indiana parce qu’il a choisi pour vice-présidente Carly Fiorina, ancienne patronne de Hewlett-Packard et ancienne candidate à l’investiture républicaine.

Le sénateur du Texas a assuré lors de l’émission « Meet the Press » de la chaîne NBC : « Personne n’a les 1 237 » délégués nécessaires à l’investiture. « Je ne les ai pas, mais Donald Trump ne les a pas non plus. Et c’est pour cela qu’il essaie désespérément de dire que la course est déjà terminée », a lancé le sénateur républicain.

Il n’empêche, 62 % des électeurs républicains estiment que le candidat qui a le plus de délégués, même s’il n’a pas la majorité, devrait obtenir l’investiture du parti.

Dans l’entourage du sénateur, certains membres de son équipe de campagne commencent à douter, relève le site Politico. Sans victoire dans l’Indiana, la perspective de décrocher la nomination s’éloigne. Le sénateur se donnerait jusqu’au lendemain de la primaire de Californie, le 7 juin, pour décider de la position à adopter en vue de la convention.

L’appel de Bernie Sanders aux superdélégués

Dans le camp démocrate, malgré ses récentes victoires dans l’Etat de New York et dans les Etats du Nord-Est, Mme Clinton doit encore s’occuper du cas Bernie Sanders. Le sénateur du Vermont mise sur l’Indiana, où 92 délégués seront désignés (à la proportionnelle, comme c’est toujours le cas chez les démocrates), pour se relancer.

Le sondage NBC-Wall Street Journal-Marist Poll montre que Mme Clinton obtiendrait 50 % des suffrages dans cet Etat, contre 46 % à M. Sanders.

Mais M. Sanders n’en démord pas. La bataille démocrate se terminera lors de la convention démocrate, qui se tiendra à Philadelphie du 25 au 28 juillet, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Washington. Pour cela, il en a appelé aux centaines de superdélégués qui pourraient en théorie faire basculer l’investiture de son côté durant la convention, qui sera, selon lui, « disputée ».

« Nous avons l’intention de lutter pour chaque vote et chaque délégué restant », a assuré Bernie Sanders devant le National Press Club, le 1er mai. | OLIVIER DOULIERY / AFP

Il estime qu’il est quasi impossible pour l’ex-première dame de remporter les 2 383 délégués nécessaires pour remporter l’investiture démocrate sans superdélégués, lesquels ne sont pas élus et sont libres de soutenir le candidat qu’ils souhaitent. « Nous avons l’intention de lutter pour chaque vote et chaque délégué restant », a déclaré M. Sanders.

Selon un décompte d’Associated Press, Mme Clinton détient 2 165 délégués, et M. Sanders 1 357. Ce décompte comprend les superdélégués qui ont déjà annoncé pour qui ils voteraient.