Un enfant asthmatique inhale de la Ventoline. | DIDIER PALLAGES / AFP

Maladie respiratoire provoquée par une contraction anormale des muscles bronchiques et une inflammation des muqueuses, l’asthme concerne 4 millions de personnes en France et 334 millions dans le monde. Or, le nombre de cas augmente, alertent les spécialistes à l’occasion de la Journée mondiale, mardi 3 mai.

  • Une maladie sous-diagnostiquée

Le nombre de cas est sans doute sous-estimé car contrairement aux idées reçues, « on peut avoir de l’asthme sans sifflement », avertit l’allergologue Pierrick Hordé. « C’est parfois un frein au diagnostic », précise-t-il. Il est donc nécessaire de réaliser une exploration fonctionnelle respiratoire (radio, etc.) et de mesurer son souffle à l’aide d’un peakflow (débimètre de pointe, qui permet de mesurer le débit expiratoire du patient).

En dehors du sifflement, la maladie se manifeste par des crises provoquées par une gêne à l’effort, un essoufflement, parfois accompagné de toux. S’il touche toutes les tranches d’âge, l’asthme est « la maladie chronique la plus courante chez l’enfant », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’association Asthme & Allergies lance à l’occasion de cette Journée mondiale une campagne : « Votre enfant est asthmatique ? Des conseils pratiques pour l’aider au quotidien. »

  • Des causes multifactorielles

Les causes sont multifactorielles. Outre une prédisposition génétique, les facteurs environnementaux sont très importants. La pollution de l’air et les particules fines ont des effets aggravants en accentuant l’irritation des muqueuses nasales ou oculaires. Les facteurs saisonniers comme les pollens compliquent également la situation. Le risque est actuellement élevé en raison des pollens de bouleau, très présents, note le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), qui analyse le contenu de l’air en pollens. « Une rhinite allergique pendant l’enfance, une conjonctivite allergique, la prématurité ou un faible poids de naissance, des bronchiolites à répétition pendant l’enfance sont des facteurs prédisposants », indique l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

  • Le rôle de la pollution intérieure...

« On en parle moins, mais la pollution intérieure est bien supérieure à la pollution extérieure », avertit le docteur Hordé. L’évolution des modes de vie ces quarante dernières années, avec des habitations plus chauffées, est mise en cause. Les allergènes présents dans les habitations (acariens, moisissures, squames), la fumée du tabac, les produits chimiques irritants ont des effets délétères.

Attention, préviennent les experts, bougies, encens et autres produits censés purifier l’air non seulement n’ont aucune vertu, mais certains émettent des Composés organiques volatils, les COV, qui représentent un risque pour les asthmatiques. Le Syndicat français des allergologues (Syfal) et l’Association de recherche clinique en allergologie et asthmologie (Arcaa) militent pour que ces produits soient plus encadrés.

  • ... et des piscines

Moins connu, l’effet des piscines. Le chlore présent dans l’eau, mélangé aux matières azotées apportées par les baigneurs (sueur, salive, urines, cosmétiques...), produit des chloramines, gaz irritants très volatils qui se répandent dans l’air des piscines, alerte Pierrick Hordé dans son livre Le Livre noir des allergies (2015, L’Archipel, 188 p., 17,95 €) coécrit par le docteur Isabelle Bossé, vice-présidente de la Fédération française d’allergologie, et le journaliste Guy Hugnet. Des études ont montré que le nombre d’heures passées en piscines chlorées a une incidence sur l’apparition de l’asthme.

  • Comment traiter l’asthme ?

Si cette maladie ne se guérit pas, elle peut et doit toutefois se traiter. Car si elle n’est pas prise en charge correctement, elle débouche sur de l’asthme sévère, qui provoque plus de 500 000 hospitalisations en urgence et entre 1 000 à 1 500 décès chaque année en France. Une grande partie des asthmatiques « ne prennent pas leur traitement ou le prennent de façon inadéquate » en France, comme dans de nombreux pays, assure le professeur Pascal Chanez, chercheur à l’université Aix-Marseille, cité par l’AFP. Il faut selon lui « trouver des relais, des médiateurs pour que les patients puissent être mieux informés et mieux comprendre la nécessité de prendre ces traitements régulièrement. »

« Il est nécessaire de bien contrôler son asthme pour mieux vivre au quotidien », prévient l’Assurance-maladie. Lorsqu’un traitement par corticoïdes inhalés est indiqué, il est primordial de bien le suivre au quotidien et de bien savoir utiliser son inhalateur pour qu’une dose suffisante de médicament soit délivrée dans les bronches, ajoute l’Assurance-maladie, qui estime que près de six personnes sur dix ont un asthme insuffisamment contrôlé. Dans tous les cas, il est conseillé aux personnes asthmatiques de faire une fois par an un examen des voies respiratoires.

Outre les traitements de fond, il est fortement conseillé, pour prévenir les crises, d’éliminer les facteurs déclenchants : ne pas fumer, aérer son appartement, mettre des housses antiacariens, laver régulièrement les peluches, privilégier les sommiers à lattes et se débarrasser de la moquette...