Dans la ville de Pripiat abandonnée, le 22 avril 2016. | GENYA SAVILOV / AFP

Le 26 avril 1986, le réacteur de la centrale de Tchernobyl, au nord de l’Ukraine, explosait. Trente ans après cette catastrophe nucléaire, les leçons en ont-elles été tirées ? Non, pensent Katja Petrowskaja et Galia Ackerman.

Même après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, nous ne percevons pas assez l’ampleur du danger nucléaire qui nous menace. Les sociétés d’aujourd’hui doivent se réveiller pour ne pas reproduire l’impréparation de l’Union soviétique d’hier, estime l’écrivaine d’origine ukrainienne Katja Petrowskaja.

Elle se souvient de l’indifférence, presque, de la population qui ne mesure pas le danger avant que l’ambiance ne bascule, tournant à la panique. « La demi-vie de certains éléments radioactifs ne dépasse pas seulement notre vie, elle dure plus longtemps que l’histoire de l’humanité », constate-t-elle, avant de s’inquiéter : « Comment peut-on encore sérieusement s’accrocher à l’énergie atomique, parler de sécurité atomique, qui plus est en période de terrorisme ? »

Pour la journaliste d’origine russe Galia Ackerman, « la catastrophe de Tchernobyl interpelle radicalement nos notions d’espace et de temps ». En effet, « le 26 avril 1986, [la] normalité a basculé en l’espace de quelques secondes. La population de 130 000 personnes au total fut entièrement évacuée. La ville modèle de Pripiat, contaminée au plutonium, ne sera plus habitable pour les 240 000 prochaines années ».

Son constat vaut condamnation. « Depuis Fukushima, on ne peut plus accuser le système soviétique d’être à l’origine de l’accident (…). On sait désormais que le risque d’un accident nucléaire ne peut jamais être égal à zéro ».

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Trente ans après Tchernobyl, comment peut-on croire « que l’atome pacifique ne recèle aucun danger ? », par Katja Petrowskaja, écrivaine d’origine ukrainienne. L’enfance de Katja s’est terminée lorsque la catastrophe est arrivée. Trente ans plus tard, l’écrivaine, dont les parents lui ont permis de fuir la zone après l’explosion, s’interroge sur notre cécité face aux dangers de l’énergie atomique.

« Tchernobyl est ce qui nous arrive », par Galia Ackerman, journaliste d’origine russe et traductrice. La zone contaminée et dévastée de Tchernobyl risque de préfigurer notre destinée. Car nous savons depuis Fukushima que l’accident n’est pas lié qu’au monde soviétique, mais plus à notre inconscience d’apprentis-sorciers.

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